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Éric Zemmour
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BIOGRAPHIE

Éric Zemmour est un journaliste, écrivain et homme politique français. Il est le candidat du parti Reconquête à l’élection présidentielle de 2022.


Né en 1958, il est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po Paris) et mène une carrière dans le journalisme. Il rejoint notamment le service politique du Figaro de 1996 à 2009, où il met fin à sa collaboration avec le journal à cause de sa condamnation pour provocation à la discrimination raciale. Il continuera à être chroniqueur pour le Figaro Magazine et pour la chronique littéraire du Figaro jusqu’en 2021. Il est également pigiste pour Valeurs actuelles et Marianne.

Il participe comme éditorialiste, débatteur et polémiste aux émissions Ça se dispute sur I-Télé, On n’est pas couché sur France 2 dans les années 2000 et Face à l’info sur CNews de 2019 à 2021. Il est également chroniqueur sur RTL de 2010 à 2016.

Il est aussi auteur du Suicide français (2014), succès de librairie à sa parution, du Destin français (2018), et de La France n'a pas dit son dernier mot (2021). Il est fréquemment poursuivi en justice pour ses déclarations controversées et condamné deux fois : en 2008 pour provocation à la discrimination raciale et en 2011 pour provocation à la haine envers les musulmans.

En novembre 2021, il annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2022 et fonde le parti Reconquête.
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Synthèse des chiffrages

Le programme d’Eric Zemmour entraînerait un budget en déséquilibre, qui augmenterait le déficit public de 145,8 Md€ par an selon l’Institut Montaigne. Le candidat propose notamment des dépenses nouvelles importantes en faveur du pouvoir d’achat des ménages (- 75,7 Md€ par an) et de la compétitivité des entreprises (- 48,8 Md€ par an). Ces mesures seraient partiellement financées par une réforme des retraites (+ 10,7 Md€ par an) et des économies réalisées par une maîtrise des dépenses sociales liées à l’immigration (+ 9,5 Md€ par an).

Économies
Par l'Institut Montaigne
22 Md€
Par le candidat
80 Md€
Dépenses
Par l'Institut Montaigne
-167,8 Md€
Par le candidat
-60 Md€
Total
Par l'Institut Montaigne
-145,8 Md€
Par le candidat
+20 Md€


Contexte économique


Avec un niveau de dette publique de 112,9 points de PIB, la France fait partie des pays endettés, voire très endettés de la zone euro. La baisse des prélèvement obligatoires décidée depuis 2017, les mesures favorables au pouvoir d’achat mises en œuvre dans le contexte du mouvement des « gilets jaunes » et, bien sûr, l’impact majeur de la crise sanitaire, ont conduit à une forte dégradation du déficit public, qui s’établit à 6,5 % du PIB en 2021.

En l’absence de mesures d’économies, le déficit public serait encore proche de 4 % du PIB en 2027, portant le ratio de dette publique à plus de 120 points, des niveaux qui pourraient être encore plus dégradés par les mesures publiques de compensation du renchérissement des produits énergétiques. Pour atteindre une cible de déficit de 2,7 % à l’horizon 2027, un effort de 15 Md€ d’économies devrait être fait, chaque année, au cours du prochain quinquennat.



Dépenses et baisses d’impôts


Selon les estimations de l’Institut Montaigne, le candidat propose 58,3 Md€ de dépenses nouvelles supplémentaires et 109,5 Md€ de baisses de prélèvements obligatoires, soit un total de 167,8 Md€ de mesures dégradant le déficit public, chaque année. Ces mesures bénéficieraient en particulier au pouvoir d’achat des ménages (75,7 Md€) et aux entreprises (48,8 Md€), notamment par la baisse de la fiscalité portant aussi bien sur l’activité économique que sur les revenus des particuliers.

Thématique Principales mesures Coût (en Md€ par an)
Pouvoir d’achat Créer une prime « zéro charge » au mérite 28
Compétitivité & économie Baisser les impôts de production de 30 milliards d’euros supplémentaires 25,2
Pouvoir d’achat Baisser le taux de la CSG sur les revenus d’activité de 9,2 % à 2,5 % 18,5
Sécurité et justice Augmenter annuellement le budget de la défense jusqu’à 70 milliards d’euros en 2030 14,6
Solidarités Construire 400 000 nouvelles places en Ehpad à horizon 2030, réparties sur tout le territoire, en réservant 25 % de ces places aux familles modestes 12,4
Compétitivité & économie Rattraper nos voisins européens en portant la dépense publique et privée de Recherche et Développement à 3 % du PIB 10,5
Divers Autres mesures* 58,6
  Total estimé par l’Institut Montaigne 167,8

*Autres mesures :

Le candidat estime le coût total des mesures à 60 Md€, soit un écart de près de 110 Md€ par rapport à l’évaluation de l’Institut Montaigne, soit plus de 4 points de PIB. Lorsque l’on considère les mesures une à une, la plupart des coûts apparaissent très sous-estimés par le candidat. À titre d’illustration, la prime « zéro charge » versée par l’employeur coûterait 28 Md€ par an selon l’Institut, contre un coût nul selon le candidat.



Économies et hausses d’impôts


Selon les estimations de l’Institut Montaigne, le candidat propose 22 Md€ de mesures nouvelles d’économies, susceptibles de réduire le déficit public par an. Ces mesures d’économies reposent principalement sur le report de l’âge de départ à la retraite (10,7 Md€ en 2027) et la maîtrise des dépenses d’aides sociales liées à l’immigration (9,5 Md€ au total).

Thématique Principales mesures Économies (en Md€ par an)
Retraites Augmenter l’âge légal de la retraite à 64 ans progressivement d’ici à 2030 et aligner les différents régimes entre public et privé, avec un système de « bonus-malus » pour éviter les licenciements des seniors 10,7
Immigration Retirer les aides sociales non contributives aux étrangers (RSA, APL, minimum vieillesse, allocations familiales)  6,7
Immigration Renvoyer les étrangers venus travailler au terme d’une période sans emploi de 6 mois 1,8
Territoires Abroger la loi SRU 1,1
Immigration Supprimer l’aide médicale d’État au bénéfice des étrangers (AME) sauf pour les cas d’urgence 0,7
Immigration Baisse de l’aide au développement pour les pays qui s’acceptent pas leurs ressortissants expulsés 0,4
Immigration Augmenter les frais d’inscription des étudiants étrangers 0,3
International Sortir la France de l’Otan 0,3
  Total estimé par l’Institut Montaigne 22

L’écart entre l’estimation de l’Institut Montaigne et celle du candidat (22 Md€ contre 80 Md€ selon le candidat) vient notamment des mesures de recettes supplémentaires ou d’économies insuffisamment détaillées ou dont la matérialisation est trop incertaine pour être prises en compte : plus grande lutte contre la fraude sociale et fiscale (15 Md€ selon le candidat), « lutte contre les gaspillages, les dépenses non prioritaires et la désorganisation de l’État » (15 Md€ selon le candidat) et « lutte contre la bureaucratie et les surcoûts de la décentralisation » (15 Md€ selon le candidat). En outre, les mesures d’augmentation de l’âge de la retraite ou de réduction des aides sociales au bénéfice des immigrés procureraient des économies moins élevées que celles estimées par le candidat.



Bouclage macrofinancier


L’examen des mesures du candidat conduit l’Institut Montaigne à estimer que leur mise en œuvre accroîtrait le déficit public d’environ 146 Md€ alors que le chiffrage présenté par le candidat correspondrait à une amélioration du solde public de 20 Md€. D’après l’estimation de l’Institut Montaigne, le total des mesures en hausse de dépenses ou en moindres recettes s’élèverait à 169 Md€, contre 60 Md€ selon le candidat. Les mesures d’économies ou de recettes fiscales additionnelles s’élèveraient à 22 Md€, contre 80 Md€ selon le candidat.

En ordonnant les mesures annoncées en mesures de dépenses et en mesures de recettes (voir tableau ci-dessous), le programme économique du candidat conduirait à une hausse de la dépense publique de 36 Md€, soit 1,2 point de PIB, et à une baisse des prélèvements obligatoires de 110 Md€ soit 4,6 points de PIB. Le déficit public augmenterait donc d’environ 6 points de PIB.

Impact budgétaire des mesures annoncées et impact sur le solde public, en Md€ :

Dépenses Recettes Impact sur le solde public 
Économie de dépense / hausse de prélèvements par an
22 0 22
Hausse de dépense / baisse de prélèvements par an
-58,3 -109,5 -167,8
Total -36,3 -109,5 -145,8

*Un nombre positif signifie une amélioration du solde public, un nombre négatif une dégradation.

La hausse du déficit pourrait être atténuée par les recettes supplémentaires induites par la hausse de l’activité permise par certaines mesures de soutien au pouvoir d’achat ou à la compétitivité des entreprises. Cet effet retour macroéconomique ou bouclage keynésien pourrait réduire le déficit de 30 à 50 %. Après cet effet, la hausse du déficit pourrait être contenue entre 2,5 et 3,5 points du PIB.

Cependant, la hausse très nette du déficit, en partant d’une situation déjà dégradée des comptes publics, pourrait conduire à un renchérissement marqué des conditions de financement de la dette française. En particulier, situé à environ 4 points de PIB en 2027 dans le scénario central de l’Institut Montaigne, le déficit se situerait, si ce programme était mis en œuvre, entre 6,5 et 7,5 points de PIB en 2027.

Ce niveau de déficit serait exceptionnellement élevé par comparaison aux autres pays européens, au point sans doute de susciter de la défiance chez les investisseurs détenteurs de la dette française. La hausse des coûts de financement de l’État qui s’ensuivrait pourrait d’une part limiter fortement l’impact positif des mesures en dépenses sur l’activité, et d’autre part alourdir la charge d’intérêts, conduisant à une dégradation accrue du déséquilibre des comptes publics.



Soutenabilité


Les finances publiques en 2021 restent fragiles. La trajectoire de déficit est globalement croissante sur les dernières décennies. Malgré la bonne surprise révélée par l’Insee lors de la publication récente des comptes annuels des administrations publiques par rapport aux dernières prévisions du Gouvernement, le déficit public représente 6,5 points de PIB en 2021 et le taux de dépenses publiques 59,2 points de PIB, un taux très rarement atteint par les pays de l’OCDE au cours des décennies passées.

Avec 36 Md€ de dépenses supplémentaires et une baisse des prélèvements obligatoires de 110 Md€, le déficit public augmenterait donc de manière massive. La trajectoire divergerait du déficit « tendanciel » de manière très importante. En supposant qu’un grand programme d’économies correspondant à 15 Md€ (en €2027) d’économies chaque année débuterait en 2028 (1), il faudrait attendre 2044 pour atteindre un solde public à l’équilibre.

A titre illustratif, nous représentons dans les graphiques ci-dessous une trajectoire « bouclage keynésien » qui tient compte de potentiels effets bénéfiques du programme du candidat, via l’activité économique, sur les finances publiques. Ce scénario de bouclage keynésien doit être lu avec prudence dans la mesure où la situation particulièrement dégradée des finances publiques risque de conduire à un durcissement des conditions de financement de l’ensemble de l’économie, ce qui neutraliserait largement ces potentiels effets bénéfiques. Ces simulations montrent néanmoins que, même en prenant en compte de tels effets dans le cas où il se matérialiseraient, la soutenabilité des comptes publics ne serait pas acquise en fin de quinquennat.

 

La dette publique augmenterait également de manière très importante, comme le montre le graphique ci-dessous et même en prenant les hypothèses économiques les plus optimistes (modèle keynésien persistant dans ce contexte (2)). Compte tenu de ce niveau de déficit et d’une absence de trajectoire de redressement des finances publiques, les marchés financiers pourraient pousser la France à sortir de la zone euro.

 

 

Même avec des mesures de redressement économique de 15 Md€ par an après 2027, l’endettement continuerait à croître longtemps après le quinquennat. Dans un scénario tendanciel de long terme (avec une croissance tendancielle du PIB de 1 % / an et des prix de 1,75 % / an), la dette publique ne pourrait redescendre en dessous de 100 points de PIB qu’en 2053 et en dessous de 60 points de PIB qu’en 2071 (cf. graphique ci-dessous).

Une croissance sur toute la période de 1,3 % en volume diminuerait ces deux dates à respectivement 2046 et 2056. Un surcroît d’inflation d’un point sur 10 ans diminuerait entre 10 et 15 points le taux d’endettement à l’issue de la période considérée et de l’ordre de 5 ans les dates évoquées ci-dessus pour passer en dessous du seuil de 100 points de PIB de dette. Un choc limité d’inflation ne pourra donc « sauver » la situation financière du pays.

 

 

Au total, sans économie supplémentaire, le programme risque de placer le pays dans une trajectoire d’insoutenabilité forte, mettant en risque la souveraineté de la France. Si le candidat veut rester dans une perspective de soutenabilité des finances publiques et donc de souveraineté du pays, il n’aura vraisemblablement d’autre choix que de renier plusieurs de ses engagements de campagne.

 

NB : Les synthèses des chiffrages ont été réalisées uniquement pour les candidats dont les programmes ont fait l’objet d’un nombre de chiffrages suffisamment important de la part de l’Institut Montaigne.

(1) Correspondant au rythme recommandé par la Commission européenne de 0,5 point de PIB par an de redressement structure.

(2) Le modèle keynésien correspond à une élasticité de 0,5 point des dépenses et des moindres recettes sur le PIB, c’est-à-dire que 10 Md€ de dépenses supplémentaires ou de baisses d’impôts supplémentaires conduisent à un accroissement du PIB de 5 Md€ de manière pérenne. Cette méthode de calcul est très favorable aux programmes qui ne tiennent pas leurs finances publiques et ne reposent sur aucune base théorique.



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