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Rencontres
Avril 2018

Quel rôle pour l'Afrique et l'Europe dans le monde tel qu'il se dessine ?

Quel rôle pour l’Afrique et l’Europe dans le monde tel qu’il se dessine ? Pour répondre à cette question, l’OCP Policy Center et l’Institut Montaigne ont réuni jeudi 12 avril sept experts venus des deux continents.

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Laurent Bigorgne, directeur de l'Institut Montaigne et Karim El Aynaoui, directeur de l'OCP Policy Center

Le premier débat, animé par Dominique Moïsi, conseiller spécial à l’Institut Montaigne, était consacré au rôle de l’Afrique dans la globalisation. Il réunissait :

  • Dalila Berritane, consultante influence & communication en Afrique ; 
  • Jean-Michel Huet, associé, en charge de l’équipe Africa and International Development, Bearing Point ;
  • Dominique Lafont, CEO, Lafont Africa Corporation, Executive Chairman, NVH ;
  • Moussa Mara, ancien Premier ministre du Mali.

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Le second, animé par Morgan Guérin, responsable du programme Europe à l’Institut Montaigne, s’intéressait aux moyens dont l’Europe dispose pour rééquilibrer le pouvoir économique de la Chine et des Etats-Unis. Il réunissait :

  • Karim El Aynaoui, directeur général, OCP Policy Center ;
  • Pascale Joannin, directrice générale, Fondation Robert Schuman ;
  • Soli Özel, professeur de relations internationales, Kadir Has University, Istanbul.

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Retrouvez les quatre points à retenir de cette soirée de débats.

1. Les faiblesses du continent africain ne doivent pas masquer la diversité de ses atouts.

En dépit des nombreuses évolutions qu’il a connu ces quinze dernières années, le continent africain est confronté à des obstacles persistants, qui l’empêchent de réaliser pleinement son potentiel. Dépasser le “pacte colonial” est une priorité, en se libérant des rapports de domination d’un côté et de culpabibilité de l’autre. Le continent doit ensuite s’affranchir des freins que sont la fragmentation des États, associée à une gouvernance qui résiste encore en Afrique centrale notamment à la vague de démocratisation et aux alternances pacifiques, de plus en plus nombreuses, outre la pauvreté qui subsiste. En matière d’éducation notamment, il est urgent d’agir : la conjonction des trois éléments précités est à l’origine d’un niveau de formation encore trop faible, pour un continent dont le principal atout est la jeunesse de sa population.

Néanmoins, l’Afrique dispose d’atouts considérables sur lesquels s’appuyer : sa démographie, ses richesses naturelles, son industrialisation potentielle et ses prouesses en matière d’innovation, sa culture et sa diversité linguistique. La nouvelle génération africaine peut également permettre de rentrer dans un cycle de renouvellement et de rajeunissement des élites avec des leaders en capacité de penser global tout en agissant localement, dans une approche de long terme.

2. Pour valoriser leur potentiel, les pays africains doivent jouer la carte de la coopération.

Pour poursuivre son développement, l’Afrique doit désormais approfondir les interconnexions entre ses pays. C’est d’autant plus le cas dans des domaines comme l’énergie, l’agriculture ou les infrastructures. L’Afrique doit d’abord consolider trois axes principaux : une approche politique forte (déjà quelque peu matérialisée par l’Union africaine et son Agenda 2063), un pilier économique à développer, notamment par le prisme ébauché par la Zone de libre-échange continentale africaine et une force militaire à envisager.

Loin des grandes idées, il faut désormais s’atteler à favoriser des avancées concrètes de coopération sectorielle, en tâchant de s’appuyer sur une administration plus structurée et plus juste. Fort heureusement, le développement de l’Afrique pourra s’appuyer sur une jeunesse pleine d’espoir et innovante, tournée vers l’avenir.

3. L’Afrique comme l’Europe ont besoin de (re)penser leur histoire et leur place respectives.

Aujourd’hui, les deux continents doivent dresser un bilan des dernières décennies. Du côté de l’Afrique, près de soixante années ont passé depuis les indépendances ; il faut que les Africains prennent le temps de l’introspection avant d’envisager l’avenir et leur rapport à l’Europe. L’Europe, quant à elle, doit repenser son leadership, dresser le bilan de l’élargissement à l’Est, et reprendre l’initiative géopolitique et économique pour cesser de se faire balloter entre la dictature du court-terme et les jeux de rivalité entre les États-Unis et la Chine.

Une fois ces réflexions menées, Afrique et Europe pourront envisager de créer un récit commun, sur la base de partenariats concrets. L’Afrique représente en effet une opportunité pour l’Europe de se replacer sur l’échiquier politique mondial.

4. Les liens qui unissent l’Afrique et l’Europe sont à la fois anciens et souhaités par les deux parties. Comment les approfondir ?

Le lien entre l’Europe et l’Afrique est réel. Néanmoins, les instruments actuels de coopération ne sont malheureusement plus que des subsides du passé ou simplement liés à une proximité géographique, celle de la Méditerranée. Alors que les pays africains ont un à priori positif vis-à-vis de l’Europe, celle-ci n’est pas toujours là pour répondre à leurs attentes.

La clef du développement des économies africaines réside dans l’investissement dans les infrastructures ; l’Europe peut prendre le leadership dans ce domaine. Face aux défis économiques, migratoires et démographiques africains, les liens entre ces deux continents vont s’accroître. Il s’agit dès à présent de construire un “protocole de confiance” intégrant leurs intérêts réciproques et de tisser des liens partenariaux multiples. C’est cette confiance qui permettra également de faire le deuil d’un passé parfois douloureux pour certains pays.

 

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