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05/12/2016

Allemagne : les leçons tirées du "choc PISA"

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Allemagne : les leçons tirées du
 Institut Montaigne
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Institut Montaigne

Tout laisse à penser que les résultats du classement PISA, qui compare les compétences des jeunes de 15 ans, publié le 6 décembre, seront amers pour le système éducatif français. L'Institut Montaigne revient cette semaine sur les systèmes éducatifs qui ont réagi suite à un mauvais classement PISA ou à l'inverse dont le classement a mis en lumière les forces et qui peuvent être sources d'enseignements utiles pour la France.

Si les résultats de la toute première étude PISA, rendus publics en 2000, ont révélé de sérieuses lacunes du système éducatif outre-Rhin, l'Allemagne est parvenue en à peine une décennie à passer du statut de cancre à celui de bon élève. Retour sur les réformes éducatives menées ces quinze dernières années.

2000 : le "choc PISA"

Jusqu’à la publication des résultats de la première enquête PISA en 2000, les dirigeants politiques comme l’opinion publique étaient satisfaits et confiants quant aux performances de leur système scolaire.

C’est pourquoi le mauvais classement de l’Allemagne a été vécu comme un véritable traumatisme collectif, à tel point qu’il a donné naissance au concept de "choc PISA" (PISA Schock dans la langue allemande) pour évoquer ce sentiment.

En 2000, l’Allemagne était très mal classée dans tous les domaines évalués par l’étude PISA : elle était 21e (sur 31 pays étudiés) dans le domaine de la maîtrise de la lecture, 20e pour la maîtrise des mathématiques, et 20e en sciences.

Plusieurs réformes ont donc été engagées pour pallier ces dysfonctionnements, si bien que dix ans après "le choc PISA", le pays a réussi à améliorer les résultats de son système éducatif de façon spectaculaire.

Le temps de l’action

Au début des années 2000, les Länder – qui gèrent les politiques éducatives – ainsi que le gouvernement fédéral ont défini un plan d’action ambitieux.

Ainsi, pour diminuer le poids du milieu socio-économique sur l’orientation et la réussite scolaire des élèves, le système éducatif a été restructuré : si l’orientation s’effectue plus tôt qu’en France (dès la fin de l’école élémentaire), différents types d’établissements coexistent et de nombreuses passerelles existent. Par ailleurs, afin d’améliorer les résultats des enfants d’immigrés, des programmes nationaux de soutien linguistique ont été créés par le gouvernement fédéral au niveau du jardin d’enfant pour favoriser une meilleure maîtrise de l’allemand à l’entrée au CP.

PISA a également révélé le manque de transparence et de répartition des responsabilités au sein du système éducatif allemand. En 2004, des standards nationaux ont été adoptés, et sont depuis évalués par un rapport national sur l’état de l’éducation. Une instance de contrôle, "l’Institut pour le progrès éducatif" a également été créée avec la mission d’évaluer et de soutenir l’amélioration du système éducatif allemand.

Enfin, des efforts conséquents ont été entrepris afin d’augmenter le nombre d’heures d’enseignement dispensées, de renforcer l’autonomie des établissements scolaires (notamment sur la gestion du budget et des ressources humaines), et d’améliorer la formation des enseignants.

Le système dual : la plus grande réussite du système allemand

L’Allemagne fait partie des trois seuls pays (avec la Turquie et le Mexique) qui ont amélioré à la fois leur score en mathématiques et le degré d’équité de leur système d’éducation entre 2003 et 2012. À titre de comparaison, la France a perdu 16 places dans le classement PISA pour la même période, les performances des élèves ont baissé et les inégalités ont augmenté.

Ce bon résultat s’explique par les réformes entreprises entre 2003 et 2010, mais aussi par le système dual, une spécificité du système éducatif allemand. Ce système combine un apprentissage pratique en entreprise et un enseignement théorique dispensé au lycée professionnel. 60% des jeunes Allemands suivant un apprentissage choisissent la voie du système dual. Celui-ci dure deux ans et est sanctionné par un examen délivrant un diplôme d’État.

Ce système est particulièrement attractif car les formations qu’il dispense sont reconnues, et permettent ainsi une insertion rapide des apprentis sur le marché du travail. En 2015, le chômage des jeunes en Allemagne s’élevait à 7,8%, tandis qu’en France il atteignait 24,8%.

Des enseignements pour la France ?

Plusieurs facteurs expliquent que l’Allemagne ait réussi à rebondir après le "choc PISA". D’abord, le choc provoqué par cette étude a permis de faire émerger un large consensus au-delà de tous les clivages, chez les dirigeants politiques, les enseignants, mais également au sein l’opinion publique en général.

De surcroît, cette volonté partagée s’est traduite par une vision à long-terme avec un plan d’action concret, notamment avec des mesures phares telles que la définition de standards communs d’évaluation, ou la réalisation de comparaisons internationales pour s’inspirer des bonnes pratiques.

Si la France peut s’inspirer des méthodes mises en œuvre pour réformer le système éducatif allemand, elle pourrait également prendre certains dispositifs tels que le système dual d’apprentissage pour modèle. 

Dans une note publiée en 2014 Une nouvelle ambition pour l’apprentissage , l’Institut Montaigne mettait en avant dix propositions concrètes pour développer l’apprentissage en France.

1.    Rationaliser, mieux cibler et simplifier drastiquement le système d’aide aux entreprises embauchant des apprentis.

2.    Réformer le circuit de la taxe d’apprentissage et piloter son affectation en région.

3.    Améliorer et faciliter les conditions d’accès des jeunes à l’apprentissage.

4.    Mettre en place une véritable politique nationale de l’apprentissage.


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