Ne pas partager le siège de la France au conseil de sécurité avec l'Allemagne
« La relation avec l’Allemagne sera largement remaniée : partant du constat d’une profonde et irrémédiable divergence de vues doctrinale, opérationnelle et industrielle avec Berlin, notamment dans le domaine de la dissuasion nucléaire et de l’exportation d’armement, Paris (…) retirera son soutien à la revendication allemande d’un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies ».
La France soutient l’accession de l’Allemagne, du Brésil, de l’Inde et du Japon (habituellement désignés comme le « G4 ») au Conseil de sécurité en tant que membres permanents, dans le cadre d’une réforme plus générale du Conseil qui compterait 25 membres au lieu de 15 aujourd’hui, dont 6 nouveaux permanents, à savoir le G4 et deux États africains.
Marine Le Pen propose que la France cesse de soutenir l’accession de l’Allemagne à un siège permanent au Conseil. Elle ne se prononce pas sur la position que la France devrait tenir s’agissant des trois autres membres du G4 ou de la question large de la réforme du Conseil de sécurité.
Le Conseil de sécurité est l’un des organes créés par la Charte des Nations Unies adoptée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Aux termes de l’article 24 de cette Charte, le Conseil assume la responsabilité première pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Il est composé de 15 membres, dont 5 permanents (Russie, Chine, États-Unis, Royaume Uni, France) disposant d’un droit de veto. Les décisions (résolutions, déclarations présidentielles) prises par le Conseil s’imposent en droit aux 193 États membres des Nations Unies. Le Conseil peut par exemple décider de sanctions, ou donner mandat au Secrétariat des Nations Unies pour l’envoi d’opérations de maintien de la paix (casques bleus) sur des théâtres de crise. Le Conseil se réunit plusieurs fois par semaine au sein du siège des Nations Unies à New York afin de suivre les situations inscrites à son programme de travail (Mali, RCA, RDC, Somalie, Soudan, Libye, Iran, Haïti, Ukraine, Chypre, Bosnie, Liban, Yémen, Syrie, Irak entre autres).
La proposition de Marine Le Pen n’aurait, à court-terme, presque aucun effet sur la structuration actuelle du Conseil de sécurité. En effet, les discussions entre les 193 États membres des Nations Unies sur la question épineuse de la réforme du Conseil de sécurité (au cours de « négociations intergouvernementales », tenues chaque année en plusieurs débats au sein de l’enceinte de l’Assemblée générale des Nations Unies, mais organiquement indépendantes d’elle) sont bloquées depuis près de 30 ans. Dans ce contexte, un changement de position de la France s’agissant du soutien à l’accession du G4, et donc de l’Allemagne, en tant que membres permanents du Conseil de sécurité, ne serait pas de nature à affecter ces discussions.
Ce revirement de position française serait en revanche mal accueilli à Berlin, et pourrait à terme affaiblir le siège permanent de la France. Dès lors que la France retirerait son soutien à l’accession de l’Allemagne en tant que membre permanent du Conseil, Berlin pourrait se considérer légitime à revendiquer avec beaucoup plus de force, notamment auprès des 25 autres membres de l’Union européenne, l’idée d’une « européanisation » du siège de la France.
En effet, cette revendication, revenant régulièrement au sein de certaines sphères politiques allemandes, a jusqu’ici été contenue par la diplomatie française en argumentant que les intérêts européens seraient mieux défendus au Conseil avec deux membres permanents (France et, sous réserve d’une issue favorable des discussions intergouvernementales, Allemagne) plutôt qu’un seul siège européen. C’est donc en cohérence avec ce discours que la France soutient l’idée d’un siège permanent allemand, aux côtés du sien. Si la France retirait ce soutien, le narratif allemand sur l’européanisation du siège français gagnerait à nouveau en légitimité (d’autant plus au lendemain du Brexit).
La mise en œuvre de cette proposition, outre la dégradation des relations diplomatiques avec l’Allemagne qu’elle pourrait entraîner, porterait sans doute l’Inde, le Brésil et le Japon à demander à la France de confirmer son positionnement en faveur de l’attribution de sièges permanents au Conseil de sécurité pour ces trois pays. Marine Le Pen n’explicite pas, dans son programme, comment elle se positionnerait à ce sujet. Si elle retirait également son soutien à Delhi, Brasilia et Tokyo, la France dégraderait sa relation stratégique avec des États pourtant incontournables à l’heure de la recherche d’équilibre dans la nouvelle bi-polarisation de la géopolitique mondiale entre les États-Unis et la Chine. En réaffirmant au contraire son soutien à l’accession à un siège permanent pour ces trois États mais pas pour l’Allemagne, la France défendrait paradoxalement une réforme du Conseil de sécurité dans la composition duquel le poids relatif des membres européens aurait diminué.
Cette position, en traduisant la volonté nouvelle de la France de défendre seule ses intérêts, affaiblirait en outre probablement sur le fond la capacité des 27 États de l’Union européenne à se coordonner sur les nombreuses propositions de résolutions examinées chaque année par l’Assemblée générale des Nations Unies, et pour lesquelles c’est la délégation de l’Union européenne à New York qui coordonne la position des 27.
Historique de la mesure
La France a constamment défendu depuis le milieu des années 2000 l’accession d’un siège permanent au Conseil de sécurité pour le G4, dont l’Allemagne.
Mise en œuvre
Cette mesure pourrait être immédiatement mise en œuvre via l’annonce de la nouvelle position de la France lors de la session suivante des négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité à New York.
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