Revaloriser les salaires des enseignants de 10 %
« De manière inconditionnelle, il y aura une revalorisation d’environ 10 % des salaires des enseignants […] on revalorisera très substantiellement, jusqu’à 20 %, celles et ceux qui vont sur les méthodes les plus innovantes en permettant plus de liberté, sur le terrain, à nos professeurs ».
La mesure consiste revaloriser les salaires des enseignants par une hausse de 10 % de leur rémunération par an et jusqu’à 20 % pour les enseignants qui accepteraient une évolution des conditions d’exercice de leur métier.
Actuellement, les effectifs d’enseignants actifs s’élèvent à 898 400 dans le primaire et le secondaire. Revaloriser le salaire de l’ensemble des enseignants de 10 %, sans contrepartie, coûterait près de 3,3 Md€ par an. En faisant une hypothèse d’adhésion de 50 % des effectifs, la majoration de rémunération en échange de contreparties relatives aux modalités d’exercice du métier aurait un coût supplémentaire de 1,7 Md€, soit un coût total de 5 Md€ par an.
Impact macroéconomique / sur le pouvoir d’achat
La revalorisation de 10 % de la rémunération des enseignants aurait un impact favorable sur leur pouvoir d’achat. Le coût de 5 Md€ pèserait sur le déficit budgétaire, la mesure n’étant pas financée de manière spécifique.
La mesure conduirait à augmenter de 10 % la rémunération de tous les enseignants, et jusqu’à 20 % pour ceux qui accepteraient, en contrepartie, des évolutions des conditions d’exercice de leur métier.
Les coûts salariaux moyens retenus sont ceux déduits des bilans sociaux 2020-2021 du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports et du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.
Revaloriser le salaire de l’ensemble des enseignants de 10 %, sans contrepartie, coûterait près de 3,3 Md€ par an. En faisant une hypothèse d’adhésion de 50 % des effectifs (où 50 % des effectifs du public et 50 % des effectifs du privé seraient concernés), la majoration de rémunération en échange de contreparties, relatives aux modalités d’exercice du métier, aurait un coût supplémentaire de 1,7 Md€. À ce stade, il est difficile de déterminer le degré probable d’adhésion des enseignants aux contreparties évoquées (innovations pédagogiques, remplacements, aide aux devoirs ou accompagnement personnalisé).
Même si la mesure ne concernait que les enseignants en activité, elle aurait, à long terme, un coût en matière de pensions de retraite, celle-ci étant calculée en fonction du niveau de rémunération atteint en fin de carrière. Ce coût n’est pas intégré dans le chiffrage, ce dernier se situant à l’horizon de la mandature, où l’impact en matière de retraite serait très faible.
Enfin, le chiffrage n’inclut pas l’enseignement supérieur, qui ne semble pas concerné par la mesure. S’il l’était, cela représenterait un surcoût de l’ordre de 400 M€ en retenant l’estimation médiane.
Effectifs en 2020 | Salaire brut mensuel moyen en 2019 | Rémunération mensuelle brute moyenne après revalorisation de 10 % | Surcoût annuel
(somme des rémunérations brutes mensuelles après revalorisation*12-somme des rémunérations brutes mensuelles avant revalorisation*12) |
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Enseignants (public) | 754 900 | 3 155€ | 3 471€ | 2 858 051 400€ |
Enseignants (privé) | 143 500 | 2 764€ | 3 040€ | 475 960 800€ |
Revalorisation sans contrepartie | Total toutes catégories | 3 334 012 200€ | ||
Revalorisation supplémentaire avec contrepartie | Hypothèse haute majoration de la hausse pour 75 % des effectifs | 2 500 509 150€ | ||
Hypothèse médiane majoration de la hausse pour 50 % des effectifs | 1 667 006 100€ | |||
Hypothèse basse majoration de la hausse pour 25 % des effectifs | 833 503 050€ | |||
Total avec et sans contrepartie | Hypothèse haute | 5 834 521 350€ | ||
Hypothèse médiane | 5 001 018 300€ | |||
Hypothèse basse | 4 167 515 250€ |
Historique de la mesure
Des revalorisations salariales ont eu lieu avec la renégociation des grilles indiciaires via par exemple le rehaussement de l’indice minimum de traitement, le déploiement de nouvelles primes et indemnités, la transformation d’une partie des primes en points d’indice, le déploiement de la classe exceptionnelle, la revalorisation des heures supplémentaires, etc.
À titre d’exemple, en 2021, dans le cadre du Grenelle de l’Éducation, le versement d’une prime d’équipement informatique de 178 M€ ainsi que celui d’une prime d’attractivité visant à accélérer l’augmentation du traitement en début de carrière de 68 M€, participent à la revalorisation du salaire des enseignants. En 2022, ce sont 726 M€ de valorisation globale qui seront dédiés aux salaires des enseignants, notamment via la prise en charge de la protection sociale complémentaire (179 M€) ou l’extension de la prime d’attractivité (245 M€).
Benchmark
En 2019, d’après l’OCDE, un enseignant français débutant du premier degré gagne 31 300 $ brut par an (28 086€), contre 33 914$ (30 432€) en moyenne dans les pays de l’OCDE. Les enseignants français ont aussi une progression plus lente : en milieu de carrière, un enseignant français gagne 38 173$ (34 254€) brut par an, pour 48 801$ (43 791€) de salaire moyen dans l’OCDE.
Mise en œuvre
La revalorisation du salaire des enseignants nécessiterait des dispositions législatives (hausse du budget en loi de finances) et réglementaires. Les partenaires sociaux devraient également être saisis pour définir les détails de cette mesure, notamment pour négocier la revalorisation des grilles indiciaires. Cette dernière pourrait se concentrer en début de carrière avec l’objectif d’atteindre un minimum de 2 000€ mensuel qui a été évoqué, dont l’atteinte sera facilitée par la hausse du point d’indice, qui sert de base au calcul des rémunérations des fonctionnaires, annoncée en 2022.