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Fabien Roussel
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BIOGRAPHIE

Fabien Roussel est un journaliste et homme politique français. Il est le candidat du Parti communiste français à l’élection présidentielle de 2022.


Né en 1969, il est diplômé du Centre de formation et de perfectionnement des journalistes et devient journaliste reporter d’image chez France Télévision.

Il entre au Mouvement des jeunes communistes de France au lycée. De 1977 à 2001, il est conseiller communication auprès de la Secrétaire d’État Michelle Demessine et attaché parlementaire du député communiste Alain Bocquet de 1993 à 2007. En 2014, il est élu conseiller municipal de Saint-Amand-les-Eaux et il est réélu en 2020.

Depuis 2017, il est député de la 20e circonscription du Nord et depuis 2018, il succède à Pierre Laurent au poste de Secrétaire national du Parti communiste français.

En mars 2021, il annonce sa candidature à l’élection présidentielle de 2022.
Site de campagne

Passer à la semaine de travail à 32h

« La semaine de travail passera à 32 heures, sans diminution de salaires. Cette mesure restituera aux salarié·e·s les gains de productivité qu’ils réalisent. Elle permettra de travailler moins pour travailler mieux. Ce qui répondra aux attentes exprimées par d’innombrables mobilisations sociales depuis des années, ainsi qu’aux besoins actuels d’élargir le temps de formation et le temps libre. »

Source : fabienroussel2022.fr

Estimation
Coût par an
Par l'Institut Montaigne
6,2 Md€
4,8 Md€ estimation basse
7,4 Md€ estimation haute
Précision
Par le candidat
Une application à l’ensemble des salariés et fonctionnaires nécessite une évolution de la législation et des concertations entre représentants des employeurs et de salariés pour définir les modalités pratiques d’application de la mesure.

Cette proposition s’inscrit dans la continuité du mouvement historique de réduction du temps de travail. Elle peut se résumer à un slogan ancien : « travailler moins pour travailler tous et travailler mieux« . L’objectif semble à cet égard être moins attaché à la lutte contre le chômage qu’à l’amélioration de la qualité de vie.

Le chiffrage est établi sur la base d’une mesure générale de réduction du temps de travail, appliquée uniformément à l’ensemble des salariés et des fonctionnaires.

La réduction du temps de travail sans baisse du salaire mensuel se traduit nécessairement par un renchérissement du salaire horaire, et donc du coût du travail, sous réserve d’éventuels gains de productivité.

L’impact direct de la mesure sur les finances publiques est lié à la création d’emplois publics nécessaire pour compenser la réduction du temps de travail, à niveau de services publics et missions inchangés.

La différence entre les estimations haute, médiane et basse repose sur des hypothèses d’augmentation de la productivité, c’est-à-dire d’une plus grande efficacité du travail (« si on travaille moins longtemps, on est plus efficace »), comme il a été observé lors du passage aux 35 heures.

Estimation haute 7,4 Md€
Estimation médiane 6,2 Md€
Estimation basse 4,8 Md€

Note : Estimation en année pleine, toutes administrations publiques confondues.

L’évaluation de l’impact net sur les finances publiques est entourée d’aléas, liés notamment aux effets de la mesure sur les entreprises et sur l’emploi :

  • les surcoûts des éventuelles mesures d’accompagnement pour les entreprises, non précisées par le candidat (les lois Aubry comportaient un volet « baisse de cotisations sociales » afin de limiter le coût pour les entreprises, conduisant à un coût net pour les finances publiques de 3 Md€ par an.)
  • les conséquences de la mesure sur le plan macroéconomique (impact positif lié à la baisse du chômage, impact négatif sur la compétitivité relative de l’économie française et sur l’emploi non qualifié, etc.) ; en particulier, si la hausse de l’emploi public a un effet nécessairement positif sur l’emploi, celui-ci pourrait être fortement atténué par les effets négatifs de la hausse du coût du travail pour les entreprises, qui pénaliserait plus globalement l’activité économique ;
  • la temporalité de la mesure et la possibilité d’adapter le rythme de sa mise en œuvre aux contraintes du terrain, par la voie du dialogue social ; l’exemple de l’hôpital public est à cet égard typique: les gains de productivité pourraient être très différents selon que l’on considère les activités administratives ou de soin. Dans ce dernier cas, ils sont quasi-nuls. Or les recrutements ne peuvent intervenir que moyennant un délai nécessaire pour former les nouveaux personnels.

Impact macroéconomique

L’évaluation macroéconomique de la mesure prend en compte l’impact sur les entreprises et l’emploi privé.

Sous réserve du calendrier et des modalités de mise en œuvre, la mesure devrait conduire à une hausse du coût du travail comprise entre 2,5 et 4 points de marge, ce qui annulerait dans le scénario le plus favorable les bénéfices du CICE et du pacte de responsabilité.

Par conséquent, s’il est envisageable que les entreprises recrutent pour maintenir leur niveau de production au moment de la mise en place de la mesure, les effets de la hausse du coût du travail pénaliseraient l’emploi et l’activité à moyen terme.

Au total, la mesure aurait un impact positif sur l’emploi principalement via l’accroissement de l’emploi public, l’impact sur l’emploi privé étant plus incertain à moyen terme, notamment dans un contexte de numérisation de l’économie et de transformation de l’emploi, ainsi que de pénurie de compétences ; l’impact serait en tout état de cause négatif sur l’emploi non qualifié, dont le coût du travail augmenterait fortement.

Par ailleurs, la mesure devrait avoir un impact à la hausse sur les prix, les entreprises répercutant une part de la hausse du coût du travail sur leurs clients, et à la baisse sur les salaires sous forme de modération salariale.

L’impact négatif de la hausse du coût du travail sur l’activité des entreprises pourrait être atténué par un allègement des cotisations sociales (comme au moment du passage aux 35 heures) ou par des gains de productivité suffisamment importants.

Le coût total pour les finances publiques résultant de la hausse de la masse salariale publique serait augmenté des éventuelles mesures de compensation pour les entreprises ; ce coût serait atténué par une hausse de l’emploi privé destinée à maintenir le niveau de production et par la baisse du chômage. Les conséquences de la mesure sur la compétitivité et l’activité constituent un aléa plutôt négatif à moyen terme.

Le raisonnement s’articule en quatre temps :

1. Pour le secteur public, à missions inchangées, les baisses de volume horaire doivent être compensées par des recrutements, ce qui entraîne une hausse des dépenses publiques qui constitue le coût brut de la mesure ; celui-ci peut être compensé en partie par des gains de productivité.

2. Pour le secteur privé, deux effets sont à relever :

  • une hausse des recrutements, source de recettes publiques et de moindre dépense sociale, qui viendront donc en partie compenser le coût brut mentionné supra ;
  • une hausse du coût du travail, partiellement compensée par des gains de productivité et de la modération salariale ; la hausse du coût du travail est défavorable à l’emploi à moins d’une compensation par une baisse de cotisations sociales, entraînant dans les deux cas un impact négatif sur les finances publiques.

3. Les aléas liés à la mise en œuvre de la mesure : calendrier de déploiement, modalités (incitation ou obligation) et à l’impact macroéconomique d’ensemble.

1/ L’impact direct sur les finances publiques via la création d’emplois publics :

Le chiffrage a été établi sur la base d’une durée légale annuelle du travail de 1 607 heures, et hors enseignants et personnels militaires. Pour ces deux catégories, il est fait l’hypothèse que la durée du travail demeure inchangée. Pour les enseignants : la question du décompte du temps d’enseignement et temps de préparation est à articuler avec la proposition du candidat d’augmenter le temps scolaire sans augmenter le temps de travail des enseignants. Pour les militaires, la réduction du temps de travail ne s’applique pas, comme l’a rappelé le gouvernement français en réaction à la décision de la Cour de Justice de l’Union Européenne du 15 juillet 2021 dans l’affaire C-742/19.

Le passage à 32 heures hebdomadaires se traduirait par une durée annuelle de 1 469 heures, soit une baisse du temps de travail de 138 heures ou -8,6 %. Le nombre d’heures travaillées « perdues » a été traduit en équivalents temps plein (ETP) pour chaque fonction publique, avec une hypothèse que le surcoût ainsi généré serait partiellement compensé par des gains de productivité à hauteur de 15 à 45 % de la baisse du volume d’heures. Ces gains de productivité pourraient provenir, par exemple, d’une amélioration du management, d’une meilleure utilisation des outils numériques ou bien d’une simplification de certains process. L’hypothèse haute de gains de productivité correspond à ce qui a été mesuré pour le passage aux 35 heures dans les entreprises (1).

L’hypothèse basse traduit la difficulté à réaliser des gains de productivité dans l’administration publique, comme en témoigne la dynamique structurellement haussière du nombre de fonctionnaires.

Une fois pris en compte les gains de productivité, la réduction nette du volume horaire est convertie en ETP en appliquant la nouvelle durée annuelle du travail. Le coût de la mesure peut alors être estimé en appliquant un salaire moyen brut par fonction publique et par catégorie de personnel. Il faut enfin déduire de ce coût les cotisations sociales (cotisations vieillesses et CSG-CRDS), qui sont conservées au sein de l’État (cotisation vieillesse des fonctionnaires) ou perçus par la sécurité sociale.

Impact annuel du passage aux 32h dans les trois fonctions publiques selon l’hypothèse de gains de productivité :

Hypothèse haute de gains de productivité Hypothèse médiane de gains de productivité Hypothèse basse de gains de productivité
Fonction publique d’État (FPE)

998 167 ETP

(Hors enseignants, hors militaires)

NB ETP créés suite à la RTT 51 000 66 000 80 000
Coût budgétaire 1,9 Md€ 2,4 Md€ 2,9 Md€
Fonction publique territoriale (FPT)

1 707 901 ETP

NB ETP créés suite à la RTT 88 000 112 000 136 000
Coût budgétaire 2,7 Md€ 3,4 Md€ 4,2 Md€
Fonction publique hospitalière (FPH)

1 097 183 ETP

NB ETP créés suite à la RTT 41 000 52 000 63 000
Coût budgétaire 1,4 Md€ 1,8 Md€ 2,2 Md€
Total fonction publique

3 803 251 ETP

NB ETP créés suite à la RTT 180 000 230 000 280 000
Coût budgétaire 6 Md€ 7,7 Md€ 9,3 Md€
Coût budgétaire net de cotisations sociales Coût budgétaire 4,8 Md€ 6,2 Md€ 7,4 Md€

Méthodologie : le passage de 35 à 32 heures hebdomadaires correspond à un temps de travail annuel qui passerait de 1607 heures actuellement à 1469 heures, soit 138 heures de moins par équivalent temps plein (ETP). Pour 347 630 ETP en catégorie B pour la fonction publique d’État, le nombre d’heures à compenser par de nouvelles embauches est ainsi de 347 630 * 138 = 47 972 940 heures, soit 32 657 ETP avant prise en compte des gains de productivité. Ceux-ci peuvent réduire le nombre d’embauche de 15 à 45% selon le scénario choisi. Le coût en euros est estimé sur la base du salaire brut moyen par catégorie (2).

Ce chiffrage est entouré de plusieurs aléas:

  • l’estimation est réalisée sur la base du salaire moyen, qui ne reflète pas nécessairement le niveau de rémunération qui sera offert ; en outre, les incidences sur le travail à temps partiel ne sont pas prises en compte ; enfin, une extension aux enseignants et aux militaires pourrait accroître le coût de la mesure ;
  • l’estimation est réalisée à niveau, structure et qualité inchangés des services publics, alors que les différents employeurs publics (État, collectivités territoriales, hôpitaux etc.) pourraient être amenés à ne compenser que partiellement la perte de volume d’heures de travail pour réduire l’impact budgétaire. Par ailleurs, le recrutement de certaines qualifications (notamment pour l’hôpital) serait contraint par la disponibilité des personnes suffisamment formées sur le marché du travail. Enfin, les administrations pourraient choisir de réduire d’autres dépenses afin de financer la hausse de leur masse salariale (fermeture de services, baisse de dépenses d’intervention ou d’investissement) ;
  • enfin, le coût de la mesure calculé pour l’ensemble des administrations masque en fait des transferts importants, à législations inchangée, des employeurs vers les régimes de retraites des agents. Par conséquent, le coût budgétaire de la mesure pour l’État pourrait être plus important, s’il devait prendre en charge les surcoûts en cotisations portés par les autres fonctions publiques.

2/ La mesure représente un coût pour les entreprises privées :

Le passage de 35 à 32 heures hebdomadaires constitue une baisse annuelle de 8,6 % de la durée du temps de travail dans les entreprises. Pour maintenir leur niveau de production, celles-ci doivent recruter de nouveaux salariés ou réaliser des gains de productivité. Au moment du passage aux 35 heures, les gains de productivité ont permis de compenser entre 40 % et 50 % de la réduction du temps de travail (3). Les gains de productivité pourraient notamment venir d’une plus grande automatisation de la production de biens ou d’une plus grande numérisation des services. Dans un contexte de ralentissement général de gains de productivité, on considère une fourchette de l’ordre de 20 à 50 %. Selon les hypothèses de gains de productivité retenues, l’augmentation de la masse salariale privée à niveau d’activité inchangée est comprise entre 36 et 57 Md€ :

Part de la réduction du temps de travail compensée par des gains de productivité Hausse de la productivité de l’heure travaillée (%) Augmentation de la masse salariale (%) Augmentation de la masse salariale privée (Md€)
50 % 4,3 % 4,3 % 36
33 % 2,8 % 5,7 % 48
20 % 1,7 % 6,9 % 57

Note : En 2022, la masse salariale du secteur privé, incluant les cotisations patronales s’élevait à 835,7 Md€ (4).

À court terme, les entreprises chercheraient à maintenir leur production inchangée et la mesure induirait une hausse de l’emploi privé. À moyen terme, l’activité et l’emploi seraient pénalisés par la hausse du coût du travail.

Ainsi, dans le scénario de productivité le plus favorable, cette mesure viendrait annuler les effets de la réduction des cotisations employeurs qui a remplacé le CICE (Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) en 2019, évaluée à 22 Md€ (est. 2019) ainsi que les exonérations de cotisation issues du « Pacte de responsabilité et de solidarité », soit 8 Md€ (est. 2019) (5).

Ramenée à la valeur ajoutée des entreprises, la mesure conduirait à une baisse du taux de marge de 2,5 à 4 points en moyenne sur l’ensemble de l’économie (6).

La hausse du coût du travail pour les entreprises (après prise en compte des gains de productivité) affecterait la structure de l’économie. Si des recrutements sont nécessaires pour maintenir le niveau d’activité, leur pérennité dépend de la capacité des entreprises à rester profitables malgré la hausse du coût du travail. Dans certains secteurs, la hausse du coût du travail peut être répercutée sur les clients, notamment les ménages, ou absorbée sous forme de baisse des dividendes. Dans les secteurs exposés à la concurrence d’acteurs non touchés par la mesure (notamment dans l’industrie manufacturière ou les services délocalisables), la mesure pourrait davantage se traduire par une baisse de l’emploi salarié en France, soit du fait d’un recours à des importations ou d’une baisse des ventes. Par ailleurs, dans certains secteurs, la mesure pourrait conduire à un recours accru au temps partiel et à de la sous-traitance à des travailleurs non-salariés, voire à de la substitution des outils numériques ou de la robotisation, ce qui concourrait à renforcer les gains de productivité. Enfin, alors que la hausse du coût du travail devrait être en partie compensée par de la modération salariale pour les salariés au-dessus du SMIC, ce serait moins le cas pour les travailleurs moins qualifiés, qui porteraient le gros des destructions d’emplois. Ces effets négatifs peuvent être atténués par une mise en œuvre étalée dans le temps, permettant aux salaires de s’ajuster, et par la mise en place de mesures d’accompagnement sous forme de réduction du coût du travail par exemple, comme c’est le cas pour les 35 heures.

Le chiffrage de l’impact sur les entreprises est par ailleurs dépendant de la situation économique, qui affecte leur capacité à absorber une hausse du coût du travail.

Au total, l’impact net global sur l’emploi salarié privé devrait être positif au moment de la mise en place de la mesure, les entreprises cherchant à maintenir leur niveau de production, et plus incertain à moyen terme alors que les effets de la hausse du coût du travail se feront sentir sur leur profitabilité.

3/ Les aléas liés aux modalités de mise en œuvre et aux impacts macroéconomiques

L’analyse macroéconomique de la mesure, et de son coût net pour les finances publiques, est dépendante de plusieurs paramètres qui sont pour l’instant incertains :

  • la temporalité de la mesure : une mise en œuvre rapide et uniforme induirait des coûts macroéconomiques plus importants (manque de disponibilité de la main d’œuvre, fragilisation des entreprises) ;
  • le processus de mise en œuvre et le rôle laissé à la négociation dans les branches et dans les entreprises ;
  • la mise en place d’éventuelles mesures d’accompagnement pour les entreprises, comme au moment des 35 heures : elle entraînerait un surcoût pour les finances publiques (entre 12 et 19 Md€ pour compenser un tiers du coût porté par les entreprises), mais limiterait l’impact négatif sur l’activité privée ;
  • la mise en place de mesures d’accompagnement pour les salariés, notamment les moins qualifiés, qui vont voir leur employabilité fortement dégradée ;
  • les modalités de financement de la mesure.

Sous réserve de ces paramètres incertains, il est possible d’envisager au niveau macroéconomique :

  • un impact positif sur l’emploi principalement via l’accroissement de l’emploi public, l’impact sur l’emploi privé étant plus incertain à moyen terme, notamment dans un contexte de numérisation de l’économie et de transformation de l’emploi, ainsi que de pénurie de compétences ; l’impact serait en tout état de cause négatif sur l’emploi non qualifié, dont le coût du travail augmenterait fortement ;
  • un impact à la hausse sur les prix du fait de la hausse des coûts, à la baisse sur les salaires sous forme de modération salariale, si bien que le pouvoir d’achat par salarié serait pénalisé ;
  • une baisse de l’activité des entreprises, à composition de l’activité inchangée, conséquence du renchérissement du travail et de la raréfaction du travail qualifié, qui pourrait être atténuée par des mesures d’accompagnement ou par des gains de productivité ;
  • un coût pour les finances publiques résultant de la hausse de la masse salariale publique, augmenté d’éventuelles mesures de compensation pour les entreprises, et partiellement atténué par une hausse de l’emploi et par une baisse du chômage. Selon la capacité des entreprises à absorber la hausse du coût du travail, l’impact sur l’activité économique induirait des pertes de recettes publiques supplémentaires plus ou moins importantes

Historique de la mesure

La réduction de la durée du temps de travail s’inscrit dans une tendance historique. Elle a constitué une mesure phare du gouvernement de « Gauche plurielle » de 1997 à 2002. Ses effets sur l’économie réelle, le nombre d’emplois créés, la croissance potentielle et les finances publiques, sont depuis soumis à controverses. En outre, les gouvernements successifs ont fortement assoupli l’application des 35 heures.

Ainsi, pour l’institut Rexecode, l’impact des 35 heures sur le coût salarial explique une partie de la perte de compétitivité de la France, notamment vis-à-vis de l’Allemagne. L’OFCE considère au contraire que l’augmentation du salaire horaire a été compensée par la modération salariale, les gains de productivité et les baisses de cotisation, et que le creusement de l’écart avec l’Allemagne s’explique davantage par les réformes mises en place par celle-ci à compter de 2002 (Hartz IV notamment).

La direction du Budget a quant à elle estimé le coût pour les finances publiques entre 11 et 13 Md€ par an sur la période 2006-2013.

Un rapport parlementaire de 2014 cite le chiffre, issu de la DARES et repris par l’INSEE, de 350 000 créations d’emplois directement issues de la mesure, sur les premières années de sa mise en place (7).

Benchmark

Le gouvernement espagnol a engagé une politique incitative pour permettre aux entreprises qui le souhaitent de réduire la durée du travail à 32 heures à compter de 2022.

Un fonds doté de 10 M€ permet aux entreprises volontaires de bénéficier d’une compensation de la hausse des coûts salariaux (aide dégressive sur trois ans, 100 %, 50 % puis 25 %). 200 entreprises sont concernées, pour 3 000 à 6 000 salariés.

Le Gouvernement espagnol semble privilégier pour l’heure une approche incitative plutôt que d’adopter une législation rigide et générale.

Certaines entreprises espagnoles expérimentent par ailleurs la réduction du temps de travail, mais avec une réduction du salaire (Telefonica, Desigual) (8).

L’Islande a expérimenté à partir de 2017 une réduction de la semaine de travail, passant de 40 à 35 ou 36 heures. L’objectif était d’améliorer l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle et le bien-être au travail, moyennant un accroissement de la productivité.

Compte tenu du succès de l’expérimentation, qui a donné lieu à une évaluation, la mesure est en cours de généralisation, au niveau de chaque entreprise, par la voie de la négociation et de la contractualisation (9).

D’autres expérimentations sont en cours, à l’échelle de l’entreprise (Unilever en Nouvelle-Zélande, Microsoft au Japon) (10).

Mise en œuvre

Pour la fonction publique : la modification du nombre d’heures travaillées annuelles nécessite un véhicule législatif (ex : fin de la dérogation aux 1 607 heures annuelles inscrite dans la loi de transformation de la fonction publique).

Pour la mise en œuvre : phase de dialogue social à prévoir avec les organisations syndicales, les associations d’élus pour la fonction publique territoriale et la fédération hospitalière de France pour l’hospitalière.

Pour rappel, la FPH n’est passée au 35 heures que très tardivement par rapport aux autres secteurs, en raison de la complexité de la refonte des cycles de travail des personnels médicaux. Les difficultés de recrutement n’ont pas été suffisamment anticipées (augmentation insuffisante des places en formation initiale pour les personnels soignants), ce qui a contribué à la désorganisation de l’hôpital public.

Enfin, la hausse de la masse salariale des collectivités territoriales et des hôpitaux nécessite d’accroître leurs ressources (impôts ou cotisations), et /ou de réduire leurs dépenses à due concurrence.

Pour le secteur privé : la modification de la durée légale du travail nécessite un véhicule législatif ; des concertations sont à prévoir au niveau des branches et des entreprises pour ajuster la mise en œuvre de la mesure aux situations des entreprises. Pour rappel, la mise en œuvre des 35 heures s’était opérée, schématiquement, en deux temps : une première phase, incitative, permettant aux entreprises de réduire le temps de travail par la négociation, avec un mécanisme d’incitation financière ; une seconde phase, plus contraignante, fixant définitivement et uniformément la durée légale du travail à 35 heures par semaine.

(1) Gubian Alain, Jugnot Stéphane, Lerais Frédéric, Passeron Vladimir. Les effets de la RTT sur l’emploi : des estimations ex ante aux évaluations ex post. In: Economie et statistique, n°376-377, 2004. La réduction du temps de travail. pp. 25-54. 

(2) Source des données de salaires et d’effectifs: DGAFP, rapport annuel 2021.

(3) Gubian Alain, Jugnot Stéphane, Lerais Frédéric, Passeron Vladimir. Les effets de la RTT sur l’emploi : des estimations ex ante aux évaluations ex post. In: Economie et statistique, n°376-377, 2004. La réduction du temps de travail. pp. 25-54

(4) INSEE, 2022.

(5) L’Horty, Y., Martin, P. & Mayer, T. (2019). Baisses de charges : stop ou encore ?. Notes du conseil d’analyse économique, 49, 1-12.

(6) Insee, 2020.

(7) Le Figaro, 2015.

(8) Les Echos, 2021.

(9) Guðmundur D. Haraldsson, Jack Kellam, 2021.

(10) Libération, 2021.

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