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Communiqué de presse À Paris, le mardi 22 octobre 2024




Rapport “Biodiversité et économie : les inséparables”
Découvrir le rapport

La COP16 qui se tient à Cali, aura un rôle déterminant dans l’institutionnalisation des politiques internationales de protection de la biodiversité, dans un contexte où plus de 50 % du PIB mondial et 72 % des entreprises européennes en dépendent directement.

Face à une accélération alarmante de l’érosion des ressources naturelles, une prise de conscience collective des entreprises, des pouvoirs publics et des citoyens est indispensable à la mise en œuvre d’un changement de paradigme. L’enjeu est d’autant plus critique que la biodiversité, souvent éclipsée par la crise climatique, est perçue comme une contrainte alors qu’elle se révèle être une opportunité de développement stratégique. L’entrée en vigueur de la directive européenne CSRD constitue une première avancée, en obligeant les entreprises à mieux intégrer les risques et opportunités liés à la biodiversité dans leur chaîne de valeur. Ce cadre législatif, combiné à une gouvernance collective, doit être le moteur d'une transformation vers des modèles économiques plus durables et résilients. 

C’est le sens du rapport que nous dévoilons aujourd’hui “Biodiversité et économie : les inséparables”, piloté par Yasmina Tadlaoui, experte résidente - Biodiversité  à l’Institut Montaigne et co-présidé par Pierre Dubreuil, Haut-Fonctionnaire et Directeur général du Domaine national de Chambord, Hervé Navellou, Président de L’Oréal France ainsi que Sébastien Daziano, Directeur de la stratégie et de l’innovation, chez Veolia. 

Ce présent rapport s’appuie sur une analyse collégiale menée au travers de plus de 100 auditions des pratiques d’acteurs économiques, publics et de la société civile.  Il identifie les limites concrètes aux mesures déjà effectives et propose 6 recommandations pour soutenir l’intégration de la biodiversité dans des modèles économiques et sociétaux à l’échelle territoriale, nationale et internationale. 
 

Dans le cadre des réflexions actuelles sur la souveraineté alimentaire, industrielle et sanitaire ainsi que sur les chaînes d'approvisionnement, il est urgent d'aborder de manière lucide et objective l'état de la biodiversité et des écosystèmes en France et en Europe. Face à leur dégradation rapide, négliger cet aspect reviendrait à prendre des décisions publiques sur des bases précaires, compromettant ainsi leur durabilité et leur efficacité.” Yasmina Tadlaoui, Experte Résidente - Biodiversité de l’Institut Montaigne.

La biodiversité constitue un patrimoine commun. La sauvegarde du patrimoine bâti de Chambord dépend de la préservation de la biodiversité et des écosystèmes forestiers qui l’entourent. Aujourd’hui, des partenariats économiques innovants et structurants, qui ont trait à la préservation de la biodiversité, à la gestion de l’eau et à la continuité écologique des milieux sont travaillés de concert pour transmettre aux générations futures ce symbole multiséculaire de l’alliance entre l’Homme et la nature.” Pierre Dubreuil, Haut-Fonctionnaire et Directeur général du Domaine national de Chambord.

"Les solutions pour préserver la biodiversité existent. L'enjeu est aujourd'hui de créer un cadre commun pour accélérer leur mise en œuvre. Cela passe notamment par le développement de nouveaux modèles de financement qui vont au-delà de la seule question du risque et valorisent les impacts positifs des entreprises sur la biodiversité. Chez Veolia ces impacts positifs sont au cœur de notre raison d'être et de notre plan stratégique qui repose sur trois piliers : décarboner, dépolluer et préserver les ressources". Sébastien Daziano, Directeur de la stratégie et de l’innovation, chez Veolia. 

"Ce rapport met en lumière l'urgence d'agir pour la biodiversité. Il propose des solutions ambitieuses pour simplifier les référentiels, mobiliser les financements et stimuler l'innovation, afin de réduire la pression sur les écosystèmes. Pour L’Oréal, la biodiversité représente une source d’innovation. Nous nous engageons non seulement à réduire notre impact, mais aussi à  contribuer à la restauration des écosystèmes naturels endommagés." Hervé Navellou, Président de L’Oréal France. 

 

Biodiversité et économie : une interdépendance stratégique

La biodiversité, menacée par cinq pressions anthropiques majeures (changement d’usage des terres, surexploitation des ressources, pollutions, changement climatique et espèces exotiques envahissantes), est essentielle au fonctionnement de nombreuses activités économiques. À l'échelle mondiale, ses services écosystémiques sont évalués entre 125 000 et 140 000 milliards de dollars. En France, ces écosystèmes soutiennent des secteurs économiques clés (agriculture, élevage, filière bois, pêche, conchyliculture, écotourisme, équipements de pêche et chasse) représentant plus de 80 milliards d’euros de chiffre d'affaires et 1,5 million d’emplois.

Cependant, réduire la biodiversité à une simple valeur monétaire est complexe, car les écosystèmes sont dynamiques et interconnectés avec une dimension éthique dont il faut tenir compte. Les services écosystémiques rendus gratuitement par la nature sont souvent invisibilisés, tant sur le plan économique que dans l'imaginaire collectif. Les prendre en compte est crucial pour assurer un développement durable et compétitif.
 

Des obstacles qui demeurent : les entreprises et les pouvoirs publics en première ligne

La compréhension des enjeux liés à la biodiversité est un préalable essentiel à l’action mais les entreprises peinent à s'en emparer pleinement, notamment en raison de l'absence d'indicateur unique, à l’instar de la tonne équivalent carbone pour le climat. Selon la FRB, 72 % des entreprises estiment nécessaire de définir de tels indicateurs pour piloter leurs actions en faveur de la biodiversité. Cela implique d’intégrer dans leurs décisions, une cartographie des enjeux, des dépendances et des risques. Pour ce faire, 3  défis doivent être relevés : 

  • Mesurer l'empreinte biodiversité : il est indispensable de prendre en compte les impacts des activités humaines tout au long de la chaîne de valeur de l’entreprise. Cette évaluation doit refléter des enjeux à la fois locaux et globaux, car la biodiversité est influencée par des dynamiques spécifiques à chaque région.
  • Surmonter la complexité du commerce international : la modélisation des impacts biodiversité est compliquée par l'augmentation du commerce international et l'importation de ressources provenant de la dégradation de l'environnement. Par exemple, la déforestation importée représente entre 20 % et 40 % du bois entrant sur le marché européen. Ce phénomène est étroitement lié à la criminalité environnementale, qui progresse de 5 % à 7 % par an depuis 2016.
  • Choisir les bons outils : de nombreux outils existent pour évaluer les impacts sur la biodiversité, et le défi pour les entreprises est d'identifier celui qui correspond le mieux à leurs activités. L'absence d'un indicateur unique, comme la tonne équivalent carbone pour le climat, ne doit cependant pas les dissuader de procéder à une analyse approfondie de leurs dépendances et pressions sur la biodiversité.

L’État, quant à lui, a tardivement pris en compte les enjeux de biodiversité, longtemps relégués derrière la lutte contre le changement climatique. Cette approche fragmentée, partagée par les acteurs privés, conduit parfois à des décisions contre-productives pour la biodiversité. Pourtant, celle-ci est un levier crucial dans la lutte contre le réchauffement climatique, et sa prise en compte doit être intégrée dans une approche globale.
 

6 actions concrètes impliquant une mobilisation collective

 

Les questions environnementales dépassent les domaines de gestion et les activités des entreprises, elles nécessitent une réponse intégrée, collective et massive qui doivent être encadrées par l’Etat. À travers une diplomatie économique ambitieuse et une gestion environnementale plus cohérente, il nous faut réinventer nos modèles de développement pour faire de la préservation de la biodiversité une priorité stratégique.

Pour cela, l’Institut Montaigne propose 6 recommandations devant répondre à 3 objectifs majeurs pour que l’Etat crée un cadre favorable à l’innovation et à l’expérimentation, en faisant preuve d’un courage politique certain qui embrasse une vision de long terme :

Axe 1  : Construire un référentiel européen propre à la biodiversité à même de distribuer efficacement les responsabilités entre acteurs publics et privés

  • Recommandation 1 : Définir, sur des bases scientifiques, les notions clés relatives à la biodiversité pour construire un référentiel européen commun et promouvoir son adoption à un niveau international en : 
    • ​​Fixant des objectifs spécifiques à atteindre au niveau territorial sur la base des limites planétaires et des seuils d’habitabilité.
    • Intégrant la biodiversité dans les programmes de déploiement de la transition énergétique afin que la biodiversité ne soit pas affectée négativement par les stratégies climat.
  • Recommandation 2 : À l’échelle des territoires écologiques, organiser la répartition des responsabilités entre le public et le privé 

Axe 2 : Valoriser la prise en compte de la biodiversité dans les modèles économiques

  • Recommandation 3 : Changer de paradigme de valeur en introduisant la biodiversité comme élément économique de prospérité et en misant sur l’innovation en :
    • Développant une comptabilité publique de la biodiversité sur la base d’expérimentations sectorielles afin de mieux orienter les dépenses publiques vers les impacts positifs.
    • Développant les investissements en faveur d’activités qui préservent ou restaurent la biodiversité et le cycle de l’eau sur le modèle d’incitations pour le climat.
  • Recommandation 4 : Valoriser financièrement les engagements en faveur de la biodiversité en : 
    • Développant les prêts bancaires garantis de l’État pour inciter les acteurs privés à s’engager en faveur de la biodiversité.
    • Incitant fiscalement les acteurs privés (individus et entreprises) à souscrire des obligations réelles environnementales.

Axe 3 : Renforcer l’acceptabilité sociale des mesures en faveur de la biodiversité

  • Recommandation 5 : Favoriser l’équité des mesures de préservation de la biodiversité afin d’en assurer l’acceptabilité 
  • Recommandation 6 : Sensibiliser, responsabiliser et mobiliser les citoyens notamment en : 
    • Assurant la préservation de la biodiversité localement par le déploiement d’une police de l’environnement légitimée.
    • Luttant mieux contre les atteintes graves à la biodiversité en renforçant les moyens mis à la disposition des services d’enquête
       
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À propos de l’Institut Montaigne

Créé en 2000, l’Institut Montaigne est un espace de réflexion, de propositions concrètes, et d’expérimentations au service de l’intérêt général. Think tank de référence en France et en Europe, ses travaux sont le fruit d’une méthode d’analyse rigoureuse, critique et ouverte qui prennent en compte les grands déterminants sociétaux, technologiques, environnementaux et géopolitiques afin de proposer des études et des débats sur les politiques publiques. Association à but non lucratif, l’Institut Montaigne organise ses travaux autour de quatre piliers thématiques : la cohésion sociale, les dynamiques économiques, l’action de l’État et les coopérations internationales. Menés dans la collégialité et l’indépendance, l’Institut Montaigne réunit des entreprises, des chercheurs, des fonctionnaires, des associations, des syndicats, des personnes issues de la société civile et d’horizons divers. Nos travaux s’adressent aux acteurs publics et privés, politiques et économiques, ainsi qu’aux citoyens engagés. Depuis sa création, ses financements sont exclusivement privés, aucune contribution n'excédant 1,2 % d'un budget annuel de 7,2 millions d'euros.

Catherine Merle du Bourg 
Chargée de projets en communication et relations presse 
01 53 89 05 70 
cmerledubourg@institutmontaigne.org

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