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Communiqué de presse À Paris, le 5 juin 2025




Puissance spatiale : le Réveil de la France
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À l’approche du Salon du Bourget, la France, puissance spatiale historique, doit annoncer sa Stratégie spatiale nationale. Cet exercice, inédit depuis près d’une quinzaine d’années, doit venir fixer les priorités stratégiques de la France à l’horizon 2040. Cette stratégie intervient à un moment de grande tension pour le spatial français et européen, qui l’a vu perdre sa prééminence  sur le secteur des lancements commerciaux et rater le virage des constellations, agitant le spectre du déclassement. Le secteur spatial, longtemps perçu comme un symbole de prestige scientifique, est désormais un pilier opérationnel de la puissance technologique, économique et militaire.

C’est dans ce contexte, et dans la continuité de nos précédents travaux sur les grands enjeux de défense et de souveraineté, que nous publions aujourd’hui cette note d’action Puissance spatiale : le Réveil de la France, pilotée par Raphaël Tavanti, chargé de projets Économie, et Arthur Sauzay, avocat et contributeur à l'Institut Montaigne sur les questions spatiales. Elle propose une réflexion de fond ainsi qu’une série de 10 mesures structurées en deux axes assumant de faire du spatial de défense la priorité de notre stratégie nationale, tout en insistant sur le fait que celle-ci ne peut atteindre ses objectifs que si elle couvre aussi l’ensemble des segments civils et scientifiques clés de ce secteur (télécommunications, observation, vol habité, etc.)

Secteur de pointe historique en France et en Europe, le spatial semble pris dans un déclin inexorable alors qu’il est plus que jamais au cœur des grands enjeux contemporains. La France doit enfin appréhender son secteur spatial comme un outil de puissance, aussi bien militaire que technologique et scientifique, en poursuivant une approche résolument ambitieuse et en visant une autonomie qui lui a fait défaut jusque-là.” - Raphaël Tavanti, Chargé de projets Économie

“À l’heure du retrait américain, la France doit assumer un rôle de leader sur des programmes clefs vis-a-vis de ses partenaires européens. L'urgence se situe notamment sur la connectivité et l'observation, mais de façon plus large, sur le vol habité et les thématiques exploratoires, où l’Europe doit assumer un programme autonome.” - Arthur Sauzay, avocat et contributeur à l’Institut Montaigne sur les questions sociales

Dans un contexte bouleversé, un spatial de défense trop faible pour assurer notre sécurité et soutenir nos alliés

La guerre sur le sol européen et la menace d’un rapide désengagement américain sont autant d’exigences stratégiques et militaires qu’il n’est plus possible d’ignorer. Mais le spatial n’est plus un simple appui aux opérations, il en est une condition première, au point de parler spatio-dépendance. En la matière, la France a de beaux arguments :  elle dispose d’une base industrielle solide et d’une excellence scientifique tout en s’inscrivant dans une dynamique européenne.

Cependant, la France ne consacre que 2 % du budget de ses armées au secteur spatial - soit 1,3 Md$ - alors que ce chiffre atteint, selon Novaspace, 4 % en Chine (8,8 Md$) et 4,3 % (39 Md$) aux États-Unis. Ces derniers concentrent d’ailleurs près de 78 % des dépenses mondiales en matière de spatial militaire, contre 8 % pour la Chine et seulement 4 % pour l’Union européenne alors que leurs PIB nominaux se situent en principe dans les mêmes ordres de grandeur. Ainsi, en cas de désengagement américain, les moyens spatiaux dont la France dispose ne lui permettent pas de conduire un effort de guerre de haute intensité, ni d’aider ses alliés, à commencer par l’Ukraine. Sur le volet militaire notre pays accuse en effet un nombre de dépendances et de lacunes  qui, sans la rendre aveugle, la rendent myope sur trois capacités cruciales :

  • Le renseignement et l’observation de la Terre ;
  • La connaissance de l’environnement spatial et la prévention des risques de collision ;
  • La détection précoce de tirs balistiques contre son sol ou ses troupes.

Notre pays comme notre continent ne peuvent viser une autonomie en matière de défense sans renforcer, au plan des ressources mais aussi doctrinal, la place du spatial. Nous préconisons ainsi les orientations suivantes :

Recommandation n°1 : Faire du spatial un pilier opérationnel autonome de nos armées face aux menaces émergentes, en consolidant les moyens en matière d'observation, de communication, de navigation et d'alerte avancée dans une logique de réduction des dépendances stratégiques.

Recommandation n°2 : Faire émerger une constellation européenne multi-capteurs, modulaire et multi-couches. Une telle architecture serait en mesure de conjuguer la diversité des besoins des armées européennes et d’assurer une forme de résilience dans un milieu spatial toujours plus contesté. Elle permettrait enfin de doter l’Europe d’un système souverain, accessible également aux États ne disposant pas de moyens patrimoniaux, et de renforcer l’autonomie stratégique de l’Union dans le domaine spatial.

Recommandation 3 : Garantir la sûreté, la résilience et la disponibilité des infrastructures spatiales en poursuivant un objectif d’autonomie en matière de surveillance de l’espace, véritable clef de voûte de la souveraineté dans le domaine spatial, tout en améliorant la capacité d’identifier, d’attribuer et de dissuader des actes hostiles.

Recommandation 4 : Renforcer la pertinence des solutions de lancement européennes déjà existantes.

Recommandation 5 : Clarifier la stratégie nationale en matière de lanceurs en fixant deux objectifs clairs et réalistes : conserver un leadership français pour la prochaine génération de lanceurs tout en affichant une ambition renforcée sur les plans technologique et commercial.

 

La nécessité d’un sursaut plus large, couvrant l’ensemble des domaines du spatial

Si, à court terme, le défi stratégique se situe avant tout sur le plan militaire, la France comme l’Europe ne peuvent faire l’impasse sur les segments civils du spatial, compte tenu du retard accumulé, de la nature duale du secteur et des défis politiques.

En dépit des incertitudes, le vol habité va se poursuivre et probablement franchir un cap à la fin de la décennie avec le retour à la surface lunaire et l’arrivée de l’Inde. Renoncer à être présentes sur ce segment reviendrait pour la France et l’Europe à abdiquer tout rôle sérieux dans la définition des futures règles de l’exploration spatiale, et par capillarité dans le spatial de manière générale.

En raison de la fin programmée de la Station spatiale internationale et des incertitudes sur l’avenir des programmes lunaires américains, rien ne dit qu’à l’horizon 2030 nos astronautes puissent encore aller dans l’espace, encore moins sur la Lune. De fait, de nombreux acteurs et décideurs semblent s'accommoder de cette fin discrète du vol habité européen alors que les missions scientifiques européennes (dont le très haut niveau est reconnu mondialement) peinent à structurer un récit et à captiver le grand public.

Afin d’opérer un sursaut plus large, couvrant l’ensemble des domaines du spatial (scientifique, industriel, contractuel, etc.) nous préconisons les recommandations suivantes :

Recommandation 6 : La perspective d’un arrêt du vol habité européen doit conduire au développement d’une capacité autonome conservant à l’Europe une voix dans le concert spatial et ouvrant des perspectives technologiques duales.

Recommandation 7 : Lancer la France et l’Europe dans l’aventure lunaire en structurant un programme d’exploration non-habitée fondé sur l’utilité scientifique et la démonstration technologique.

Recommandation 8 : Exploiter pleinement l’outil de soft power que constitue le spatial et le mettre au service d’efforts diplomatiques plus larges par l’ouverture de nouvelles représentations du CNES au sein de postes diplomatiques français.

Recommandation 9 : Faire évoluer les pratiques contractuelles et industrielles pour renforcer l’efficacité de la dépense publique et rationaliser l’industrie spatiale française

Recommandation 10 : Assumer le risque d’échec en lien avec des ambitions technologiques et scientifiques plus audacieuses.

 

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À propos de l’Institut Montaigne

Créé en 2000, l’Institut Montaigne est un espace de réflexion, de propositions concrètes, et d’expérimentations au service de l’intérêt général. Think tank de référence en France et en Europe, ses travaux sont le fruit d’une méthode d’analyse rigoureuse, critique et ouverte qui prennent en compte les grands déterminants sociétaux, technologiques, environnementaux et géopolitiques afin de proposer des études et des débats sur les politiques publiques. Association à but non lucratif, l’Institut Montaigne organise ses travaux autour de quatre piliers thématiques : la cohésion sociale, les dynamiques économiques, l’action de l’État et les coopérations internationales. Menés dans la collégialité et l’indépendance, l’Institut Montaigne réunit des entreprises, des chercheurs, des fonctionnaires, des associations, des syndicats, des personnes issues de la société civile et d’horizons divers. Nos travaux s’adressent aux acteurs publics et privés, politiques et économiques, ainsi qu’aux citoyens engagés. Depuis sa création, ses financements sont exclusivement privés, aucune contribution n'excédant 1,2 % d'un budget annuel de 7,2 millions d'euros..

Arsène Vassy
Chargé de projets communication et relations presse
01 53 89 05 70
press@institutmontaigne.org

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