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Nouvelle note d'action : Dépistage, investissons notre capital santé |
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Si 92% des Français souhaitent maintenir la solidarité pour le risque santé, notre système de protection sociale vacille, avec un déficit de la sécurité sociale dégradé à hauteur de 15,3 milliards d’euros en 2024. Face à une telle situation, tous les ressorts doivent être considérés pour résoudre l’épineuse équation de faire perdurer la qualité du système de soins sans mettre en péril sa survie. La prévention, aux bénéfices économiques et sanitaires avérés, a pourtant tardé à être investie à sa juste valeur par les pouvoirs publics alors même qu’elle pourrait être centrale. C’est dans ce contexte que l'Institut Montaigne poursuit ses travaux sur les questions de santé et de prévention - une thématique au cœur de notre réflexion - et publie une nouvelle note d’action intitulée Dépistage : investissons notre capital santé, portée par Margaux Tellier-Poulain. Grâce à l’appui d’une étude réalisée par Verian sur les habitudes et perceptions des Français sur le dépistage en santé, cette note s’attache à définir les barrières au dépistage de l'adulte pour l’ensemble des pathologies non transmissibles et propose des solutions pour les surmonter. |
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 "Mars bleu s’achève et la lumière mise sur dépistage du cancer colorectal s’amenuise. Cette pensée du dépistage trop souvent uniquement lié à des moments ou à des pathologies inhibe malheureusement toute la portée que cet acte de santé peut avoir pour le bien-être de tous les Français. Changer ce lien inconscient fait entre maladie et dépistage doit être une priorité pour amener chacun d’entre nous à penser le dépistage, au-delà des campagnes des trois cancers, comme une action citoyenne et de bien-être à réaliser tout au long de sa vie. Comprendre ce qui empêche aujourd’hui les Français à ’y prendre part pour transformer leur relation au dépistage à l’avenir est tout l’objet de notre note." Margaux Tellier-Poulain, Responsable de projets - Santé et Protection Sociale |
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Le dépistage, ce mal-aimé au potentiel sous-exploité |
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Selon l'OCDE, près d’un tiers de l’ensemble des décès pourraient être évités grâce à la prévention et à des interventions plus efficaces et plus rapides. Par ailleurs, un cancer diagnostiqué précocement conduit à des protocoles de traitement deux à quatre fois moins coûteux que ceux proposés suite à un diagnostic à un stade plus avancé. Cependant, l’efficacité des trois grands programmes actuels de dépistage du cancer (sein, colorectal et col de l’utérus) demeure insuffisante en comparaison aux autres pays européens : le taux de participation au dépistage du cancer du sein en France (45% en 2022) est inférieur de 10 points à la moyenne de l’OCDE (55,1 % 5 ) et de plus de trente points avec le Danemark (80 %). Dès lors, financer davantage de politiques de prévention sans comprendre les causes d’une si faible adhésion citoyenne n’aurait que peu d’effet. Cette dernière traduit des facteurs psychologiques, qui touchent souvent au rapport des individus à la maladie, au risque et la perception erronée qu’ils peuvent s’en faire. |
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Les Français entre crainte de la maladie et excès de confiance |
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L’étude réalisée en collaboration avec Verian dans le cadre de cette note permet un éclairage approfondi sur les freins et barrières au dépistage. En ce sens, 24% des Français indiquent que la peur de l'annonce des résultats est un frein au dépistage. Au-delà de la peur de la maladie, l’appréhension d’un désagrément associée à certains examens de dépistage peut être rédhibitoire pour 31% des Français. Parmi ces déterminants “psychologiques” et limitants, on constate à l’inverse un biais d’optimisme assez répandu qui consiste à sous-estimer les risques que l’on encourt. Ainsi, près d’un tiers des Français (29%) ne se sentiraient pas suffisamment concernés ou à risque pour réaliser un acte de dépistage, et cela est tout particulièrement marqué pour les chômeurs interrogés (38%), les cadres et professions intellectuelles (41%), et les jeunes de 18 à 24 ans (48%). Au-delà de cet optimisme, il existe une confiance excessive en la capacité du système de soin à prendre en charge les pathologies, quel que soit le stade d’avancement. En outre, la gratuité du système de soins en France peut, dans certains cas, réduire la perception de responsabilité des individus, qui n’éprouvent que très peu des conséquences financières ou organisationnelles liées à leur prise en charge. Enfin, la procrastination et le « biais du présent » (soit la tendance à moins s’inquiéter de faits lointains ou des risques non-avenus), sont d’autres freins évidents au dépistage. |
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9 recommandations pour faire du dépistage le premier maillon du parcours de santé |
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Afin de créer les conditions les plus favorables à un changement de paradigme, cette note formule des recommandations concrètes autour de quatre objectifs afin de mettre en lumière le potentiel du dépistage, encore sous-utilisé et de le définir comme premier maillon d’un parcours de santé au-delà des silos pathologiques. Il s’agira notamment de penser le dépistage avec le citoyen, en tenant compte de ses préférences, ses peurs, ses barrières pour élaborer une politique de prévention qui puisse répondre à ses préoccupations. Objectif 1 : Positionner la prévention comme clé de voûte d’une politique de santé ambitieuse et efficiente en France Recommandation 1 : Mieux comprendre les freins et les barrières au dépistage des Français, pour renforcer l'efficacité de la politique de dépistage. Recommandation 2 : Définir un acteur de référence et clairement identifiable en charge de la politique de prévention. Recommandation 3 : Faire du dépistage pluri-pathologique une priorité de santé publique. Objectif 2 : Créer une conscience sanitaire éclairée chez les Français : développer un intérêt pour la préservation de son capital santé Recommandation 4 : Communiquer et informer largement sur le dépistage pluri-pathologique et améliorer les connaissances des Français en santé. Recommandation 5 : Eduquer et former les citoyens de demain aux enjeux de santé et à leur rôle dans la préservation du système de santé publique. Objectif 3 : Améliorer l’accès aux dépistages des publics les plus éloignés des soins Recommandation 6: Assurer le repérage des publics à risque. Recommandation 7 : Faire que tous les Français se dépistent en renforçant les actions ciblées des publics les plus éloignés du système de santé. Objectif 4 : Surpasser d’ici à 2030, la moyenne européenne pour les dépistages organisés autour des cancers colorectal, du sein et du col de l’utérus Recommandation 8 : Inciter davantage les professionnels de santé à dépister leurs patients sur ces cancers ciblés. Recommandation 9 : Inciter les citoyens à adhérer aux dépistages organisés des cancers. |
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À propos de l’Institut Montaigne Créé en 2000, l’Institut Montaigne est un espace de réflexion, de propositions concrètes, et d’expérimentations au service de l’intérêt général. Think tank de référence en France et en Europe, ses travaux sont le fruit d’une méthode d’analyse rigoureuse, critique et ouverte qui prennent en compte les grands déterminants sociétaux, technologiques, environnementaux et géopolitiques afin de proposer des études et des débats sur les politiques publiques. Association à but non lucratif, l’Institut Montaigne organise ses travaux autour de quatre piliers thématiques : la cohésion sociale, les dynamiques économiques, l’action de l’État et les coopérations internationales. Menés dans la collégialité et l’indépendance, l’Institut Montaigne réunit des entreprises, des chercheurs, des fonctionnaires, des associations, des syndicats, des personnes issues de la société civile et d’horizons divers. Nos travaux s’adressent aux acteurs publics et privés, politiques et économiques, ainsi qu’aux citoyens engagés. Depuis sa création, ses financements sont exclusivement privés, aucune contribution n'excédant 1,2 % d'un budget annuel de 7,2 millions d'euros. |
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