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France 2040 : projections pour l'action politique |  |
| | Alors que le gouvernement a présenté hier ses orientations pour le budget 2026, l’heure n’est plus aux demi-mesures. Tandis que le monde s’accélère, le modèle français paraît à bout de souffle, mis à l’épreuve par une conjonction de pressions géopolitiques, technologiques, économiques, financières, démographiques et climatiques, qui dépassent le rythme des cycles électoraux. C’est dans ce contexte que l’Institut Montaigne publie aujourd’hui “France 2040 : projections pour l’action politique”, un exercice prospectif d'ampleur mené sur 18 mois coordonné par Bruno Tertrais, Erwan Le Brasidec, et avec le concours de nombreux experts tels qu’Éric Chaney, Cécile Maisonneuve et Bertrand Martinot. À partir de statistiques officielles et de l’analyse de plus de 800 sources, l’étude explore les trajectoires de 13 tendances structurantes pour la France sur un horizon de 15 ans et explore 5 scénarios. L’objectif : aider les décideurs publics comme les citoyens à hiérarchiser les priorités nationales, à mesurer les champs de contraintes actuels et futurs, et à identifier des marges de manœuvre réalistes. Les projections appellent à une stratégie ambitieuse, fondée sur l’investissement, la réforme éducative, l’innovation, et une gouvernance énergétique cohérente. Ce travail s’inscrit dans un triptyque d’analyses que l’Institut Montaigne consacre à l’avenir du pays. Ce premier volet entend montrer les conséquences d’une inaction politique ou de choix trop timides face aux enjeux structurels. Afin de nourrir la campagne présidentielle de 2027, le second volet identifiera les sujets à traiter et proposera des recommandations programmatiques concrètes et opérationnelles. Le troisième analysera et chiffrera les programmes des candidats à l’élection présidentielle afin d’en mesurer la pertinence et la faisabilité. |
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|  "En amont des prochaines échéances électorales, ces projections d’une France à l’horizon 2040 devraient inciter les responsables politiques à définir clairement la France dans laquelle ils nous proposeront de vivre, hors des postures usuelles et des ajustements à la marge. Loin de tout fatalisme, nous démontrons ici le risque que portent nos égoïsmes court-termistes et nos renoncements politiques à arbitrer et agir. Le déclin de la France ne saurait être écrit." Marie-Pierre de Bailliencourt, Directrice générale de l'Institut Montaigne  "La France ne manque ni d’atouts, ni de ressources. Mais à l’horizon 2040, elle fait face à un enchevêtrement de risques structurels, dont les effets se renforcent les uns les autres. C’est cette dynamique qui nous a le plus frappés au fil de l’étude : il ne s’agit plus de corriger des tendances isolées, mais de faire face à un basculement profond." Bruno Tertrais, Expert Associé - Géopolitique, Relations Internationales et Démographie |
| Trois constats émergent des projections françaises |
| - Le verrouillage économique et social formé par l’enchevêtrement du déclin démographique, de la productivité en berne et d’une dette publique qui atteint des seuils historiquement élevés. Ce triple nœud érode simultanément la capacité d’autofinancement, la soutenabilité du système de protection sociale et la marge de manœuvre budgétaire dédiée à l’investissement. La trajectoire converge vers un appauvrissement relatif qui se traduira par un décrochage du revenu par habitant et une pression accrue sur les solidarités intergénérationnelles.
- Le retard énergétique et climatique : la France dispose d’atouts (parc nucléaire existant, base industrielle diversifiée, formation scientifique de qualité) mais ils sont dilués par l’incertitude des politiques publiques, le sous‐investissement chronique et l’empilement des normes.
- La défiance civique et institutionnelle : il ne s’agit pas d’un épiphénomène, mais d’un risque politique majeur qui menace la gouvernabilité du pays. Les enquêtes qualitatives démontrent que la fracture ne réside pas tant dans le niveau absolu de performance publique que dans la discordance entre l’ampleur des promesses publiques et la modestie des résultats tangibles.
De fait, de façon quasi certaine, deux contraintes pèseront sur la France jusqu’en 2040 et ne pourront être inversées à cette échéance : le choc démographique et le choc climatique. Parce qu’elles ne peuvent être inversées à cette échéance, elles poussent à privilégier des politiques d’adaptation ambitieuses : modernisation de l’appareil productif, transformation profonde du système éducatif, effort massif d’investissement public et privé dans la recherche et l’innovation, refonte de la gouvernance énergétique, etc. |
| 5 scénarios pour sortir de l'inertie politique |
| Les grandes tendances étudiées peuvent se traduire en une multitude de scénarios. Le scénario "Renoncement", qui nous sert de scénario 0, décrit la trajectoire d’un pays qui s’enlise d’ici 2040, faute de décisions structurantes. L'étude explore également 4 scénarios issus de postures politiques qui constituent des outils d’anticipation ou des mises en garde sur les choix et les risques associés à des trajectoires souvent caricaturales : -Se protéger et s'isoler, le "Repli",
-Prolonger le statu quo, la "Retouche",
-Imposer des réformes brutales, la "Rupture",
-Faire table rase, la "Révocation". |
| Méthodologie
France 2040 repose sur plusieurs centaines de documents et rapports publics, d’études académiques, d’ouvrages généraux et spécialisés, ainsi que sur l’agrégat de données diverses. Toutes les données exploitées proviennent de sources ouvertes et publiques (Insee, Eurostat, Banque de France, RTE, chiffres des différents ministères publics français ou étrangers, Cour des comptes, OCDE, rapports parlementaires, etc.). L’analyse quantitative combine plusieurs niveaux d’instruments selon les différents types de projections. Les projections tendancielles prolongent les séries longues : prix de l’électricité, dette publique, productivité, etc. Le rapport explicite systématiquement le type de projection et de modèle utilisé. Ensuite, chaque tendance est étudiée sans apport externe ou politiques publiques d’inflexion afin de comprendre la direction prise par le pays.s. Cette méthodologie vise à identifier et isoler des tendances de fond qui se poursuivent et s’intensifient depuis dix ans, quinze ans ou plus. L’horizon choisi de quinze ans, nous a semblé suffisamment lointain pour se prêter à une démarche ambitieuse tout en restant suffisamment proche de la réalité et ne pas risquer d’être démenti par des évolutions ou innovations rapides qui pourraient se produire dans les quinze années qui viennent. En agrégeant ces niveaux d’analyse, France 2040 livre un cadre unique : assez souple pour être actualisé à chaque nouvelle statistique, mais suffisamment robuste pour éclairer, sans détour, les arbitrages politiques, économiques et sociaux des quinze prochaines années. |
| | À propos de l’Institut Montaigne Créé en 2000, l’Institut Montaigne est un espace de réflexion, de propositions concrètes, et d’expérimentations au service de l’intérêt général. Think tank de référence en France et en Europe, ses travaux sont le fruit d’une méthode d’analyse rigoureuse, critique et ouverte qui prennent en compte les grands déterminants sociétaux, technologiques, environnementaux et géopolitiques afin de proposer des études et des débats sur les politiques publiques. Association à but non lucratif, l’Institut Montaigne organise ses travaux autour de quatre piliers thématiques : la cohésion sociale, les dynamiques économiques, l’action de l’État et les coopérations internationales. Menés dans la collégialité et l’indépendance, l’Institut Montaigne réunit des entreprises, des chercheurs, des fonctionnaires, des associations, des syndicats, des personnes issues de la société civile et d’horizons divers. Nos travaux s’adressent aux acteurs publics et privés, politiques et économiques, ainsi qu’aux citoyens engagés. Depuis sa création, ses financements sont exclusivement privés, aucune contribution n'excédant 1,2 % d'un budget annuel de 7,2 millions d'euros. |
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