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Communiqué de presse À Paris, le 16 octobre 2024




Fracture alimentaire : maux communs, remède collectif
Découvrir le rapport

Dans un pays reconnu mondialement pour son art culinaire et son patrimoine gastronomique, plus d'un Français sur trois est désormais en situation d'insécurité alimentaire, et la "malbouffe", qui progresse, touche particulièrement les jeunes générations. Ces phénomènes sont intimement liés à des disparités économiques et à des problématiques de santé publique qui ne cessent de s'aggraver, mettant en lumière une situation alarmante qui combine des défis sociaux, sanitaires et écologiques.

Face à ces enjeux et à l’occasion de la Semaine du goût et de La Journée mondiale de l’alimentation, l’Institut Montaigne dévoile aujourd'hui son dernier rapport “Fracture alimentaire : maux communs, remède collectif”, co-présidé par Cécile Béliot, directrice générale du groupe BEL, Dominique Schelcher, président-directeur général de Coopérative U, Bruno Vaquette, président-directeur général de Sodexo France. L’Institut Montaigne appelle à une mobilisation collective et à une répartition des responsabilités, celles-ci ne pouvant plus reposer uniquement sur les consommateurs. La transition alimentaire implique un effort global et concerté entre les pouvoirs publics, les industriels, les distributeurs, les restaurateurs et les citoyens.

À partir d’une analyse collégiale menée au travers de plus d’une centaine d’auditions et d’un groupe de travail mobilisé sur une période de 18 mois, le présent rapport formule 6 recommandations majeures, chiffrées et testées. Il émet des solutions concrètes visant à réduire la précarité alimentaire et à guider notre société vers une alimentation plus saine et accessible à tous, en s’appuyant sur des leviers socio-économiques, culturels et géographiques.

 

"Nous avons voulu nous emparer d’un défi sociétal majeur trop souvent traité de manière silotée et proposer, par la réflexion collégiale de toutes les parties prenantes, des solutions pragmatiques, éprouvées et applicables. Il nous faut à la fois traiter l’urgence sociale, donner le temps nécessaire aux industriels agro-alimentaires, mobiliser les pouvoirs publics et les consommateurs. Notre responsabilité doit être collective et pressante si nous voulons inverser nos trajectoires alimentaires, pour le bien de tous."

Marie-Pierre de Bailliencourt, Directrice générale de l'Institut Montaigne

 

"Se nourrir correctement, en qualité et en quantité, est un droit humain fondamental. La précarité alimentaire croît dans notre pays, elle doit être un enjeu de société majeur face auquel nous devons poser des solutions durables et efficaces. Ces solutions nécessitent une mobilisation collective des industriels, distributeurs, restaurateurs, pouvoirs publics et citoyens. Et des propositions qui rassemblent un ensemble de pistes à la fois économiques, sociales et culturelles pour susciter le débat public au bon niveau. C’est enfin l’occasion de nous rappeler la valeur de notre alimentation et ses impacts direct sur notre santé, notre économie et notre environnement."

Cécile Béliot, Directrice générale du Groupe Bel

 

"Les supermarchés sont des observatoires sans équivalents des habitudes de consommation de nos concitoyens. Depuis des années, et à fortiori ces derniers mois, les circonstances économiques nous amènent à constater plusieurs fractures alimentaires grandissantes : l'alimentation est notamment devenue une variable d'ajustement du budget de nombreux ménages, au profit de dépenses contraintes en fortes progressions. L'esprit qui a guidé les travaux préalables à la rédaction de ce rapport n'est pas d'imposer des diktats mais de réfléchir collégialement à ce qui pourrait ramener un consensus, autour de ce qui doit nous guider vers une alimentation plus saine et accessible à tous."

Dominique Schelcher, Président-directeur général de Coopérative U

 

"La restauration collective a toujours été un acteur majeur dans la lutte contre les inégalités alimentaires, en jouant son rôle essentiel de restauration sociale. C’est un modèle qui permet à chacun, de la crèche à la maison de retraite, d’accéder à une alimentation saine et équilibrée à moindre coût. Chez Sodexo, nous sommes déterminés et pleinement engagés à soutenir la transition vers une alimentation durable, bénéfique pour la santé de tous et pour notre planète. C’est un véritable choix de société et un service d’intérêt général."

Bruno Vaquette, Président-directeur général de Sodexo France

En France, deux fractures alimentaires majeures aux conséquences alarmantes…

L'alimentation, premier rempart contre la maladie, est aujourd'hui confrontée à de multiples problématiques : expansion de la « malbouffe », inflation des prix alimentaires, précarité croissante et inégalités d’accès à des produits de qualité. Ces phénomènes se traduisent par l’apparition de deux fractures alimentaires aujourd’hui en France : celle de la précarité alimentaire et celle de l’inégalité d’accès à une alimentation saine et de qualité.

A la faveur du renchérissement des matières premières dans un contexte de reprise post-Covid et de guerre en Ukraine, une inflation alimentaire inédite a accentué la précarité alimentaire en France. Selon l’INSEE, le prix de l’alimentation a augmenté de près de 15% entre décembre 2021 et avril 2023, impactant l’ensemble des produits alimentaires. Face à  des  dépenses  contraintes  grandissantes  –  logement,  énergie, transports – l’alimentation est devenue la variable d’ajustement budgétaire des ménages les plus modestes. L’évolution historique et culturelle de nos comportements alimentaires  se  matérialise par la surconsommation de produits transformés, riches en calories mais pauvres en nutriments, provoquant des pathologies telles que l’obésité, le diabète ou les maladies cardiovasculaires.

On observe par conséquent une hausse préoccupante des indicateurs de précarité et de déséquilibres alimentaires dans la société.

CHIFFRES CLÉS

Sur la précarité alimentaire

  •  En  France  en  2023,  plus  d’un  Français  sur  trois (37 %)  se  trouve  en situation d'insécurité alimentaire – définie comme la situation de ceux qui n’arrivent pas à se nourrir correctement tous les jours. Une proportion qui grimpe à 41 % chez les jeunes de 18 à 24 ans.
  • 1 enfant sur 5 arrive à l’école le ventre vide
  • Le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire a significativement augmenté en 2023, atteignant 4 millions de bénéficiaires déclarés.
  • 75 % des bénéficiaires de l’aide alimentaire vivent dans des ménages dont le niveau de vie est inférieur à 40 % du revenu médian.
  • 21 000 communes en France, soit 62 % des communes (principalement en zone rurale), sont sans commerce.

Sur les déséquilibres alimentaires

  • Près de 50 % des adultes en France sont aujourd'hui en surpoids, un chiffre en augmentation constante.
  • Les aliments ultra-transformés représentent environ 30 % de l’apport énergétique des Français, avec des niveaux allant jusqu’à 40 % en Allemagne et 50 % aux États-Unis.
  • 87 % des enfants et 47 % des adultes consomment davantage de sucre que les recommandations de l’OMS. Un enfant de 8 ans a déjà consommé plus de sucre que son grand-père en a mangé toute sa vie.
  • En 30 ans, le taux d’obésité a doublé chez les adultes et a été multiplié par 4 chez les 18-24 ans.
  • Seul 1 enfant sur 5 (20,2 %) atteint l’objectif du PNNS de consommer 5 fruits et légumes par jour.

 

 

… qui pèsent sur notre système de santé

La dégradation de l’état de santé des Français a un coût significatif pour notre système de santé. D'après une récente étude de la FAO, les pathologies associées à l’alimentation, telles que l'obésité, les maladies cardiovasculaires ou le diabète, coûtent chaque année 125 milliards d'euros au système de santé français. Aujourd’hui, ces externalités négatives échappent au marché de l’agro-alimentaire : le prix d’achat des produits alimentaires n’intègre pas le coût total de la production agricole. Les produits nocifs pour la santé ne compensent pas les dommages qu’ils engendrent, de même que les produits bénéfiques rendant des services pour la santé ne sont pas favorisés par leurs prix.

Infographie

Un appel à l’action collective : 6 recommandations en faveur d’une transition alimentaire saine et durable

La relative inefficience des politiques publiques à l'œuvre peut d’abord être attribuée à l’inégale répartition des responsabilités. La stratégie du "consomm’acteur" se heurte à la réalité sociale, caractérisée par la croissance de l’insécurité alimentaire et des pathologies associées à l’alimentation.

Devant l’ampleur des défis, il est crucial de repenser et d’agir sur nos environnements alimentaires c’est-à-dire sur l’ensemble des facteurs physiques, socio-économiques et culturels qui influencent et déterminent les choix des consommateurs et les acteurs qui les façonnent – industriels, distributeurs, restaurateurs et pouvoirs publics. C’est en agissant simultanément et collectivement sur l’ensemble de ces trois environnements que nous pourrons répondre aux problématiques d’accès à l’alimentation, de santé publique et d’impact environnemental.

L’Institut Montaigne propose une série de mesures concrètes, testées et chiffrées, articulées autour de six recommandations, visant à atteindre deux objectifs majeurs. L’intégralité des recommandations détaillées sont à retrouver dans le rapport.

 

Objectif 1 : Lutter contre la précarité alimentaire

RECOMMANDATION I
Soutenir les acteurs locaux en première ligne face à la crise sociale

RECOMMANDATION II
Apporter un soutien budgétaire aux Français en précarité alimentaire pour faciliter l’achat de fruits et légumes

RECOMMANDATION III
Pérenniser à l'échelle nationale la diffusion d'une restauration collective de qualité

 

Objectif 2 : Limiter l’expansion des déséquilibres alimentaires

RECOMMANDATION IV
Réduire le niveau de consommation de sucre chez les enfants et les adolescents

4.1. Agir sur le niveau de sucre des produits alimentaires (hors boisson) particulièrement prisés par les enfants et adolescents. Les catégories de produits concernées incluent les confiseries, biscuits sucrés et chocolats, céréales de petit déjeuner, pâtes à tartiner, viennoiseries et pâtisseries industrielles.
Cette intervention fiscale peut prendre deux formes distinctes :

4.1.1. Imposer la négociation d'un accord collectif avec les industriels commercialisant les catégories de produits précitées, en exigeant une réduction dégressive du taux de sucre pour atteindre un pourcentage à déterminer par produit d’ici à un délai fixé. Au terme de ce calendrier, une taxe sur les sucres devrait être instaurée pour les produits concernés qui ne respectent pas les objectifs proposés.
-> Les recettes fiscales issues de cette taxe sont estimées à 560 millions par an et pourraient être réaffectées au financement du chèque alimentaire proposé en recommandation 2.

4.1.2. Revenir à un taux de TVA normal de 20% sur l’ensemble des catégories de produits concernées.
-> Les recettes additionnelles de TVA, estimées à environ 1,2 milliard d'euros par an, pourraient être redistribuées au financement quasi complet du chèque alimentaire proposé en recommandation 2.

4.2. Améliorer l’efficacité de la taxe française sur les boissons sucrées et édulcorées en adaptant son barème sur le modèle de la taxe britannique.

4.3. Agir avec les distributeurs pour valoriser la mise en rayon de produits sains aux caisses des supermarchés.

RECOMMANDATION V
Agir sur les imaginaires autour du plaisir d’une alimentation équilibrée

5.2. Instituer des Journées du patrimoine alimentaire pour valoriser la richesse des terroirs français et susciter l'enthousiasme pour nos traditions et notre créativité culinaires et alimentaires.

5.3. Limiter l'exposition aux publicités de boissons sucrées et édulcorées à la télévision et à la radio et établir un cadre de régulation pour les plateformes numériques.

RECOMMANDATION VI
Encourager à la consommation de fruits et légumes en créant un complément budgétaire aux titres-restaurants pour les salariés, dont l’utilisation serait optionnelle et ciblée

 

Découvrir le rapport
À propos de l’Institut Montaigne

Créé en 2000, l’Institut Montaigne est un espace de réflexion, de propositions concrètes, et d’expérimentations au service de l’intérêt général. Think tank de référence en France et en Europe, ses travaux sont le fruit d’une méthode d’analyse rigoureuse, critique et ouverte qui prennent en compte les grands déterminants sociétaux, technologiques, environnementaux et géopolitiques afin de proposer des études et des débats sur les politiques publiques. Association à but non lucratif, l’Institut Montaigne organise ses travaux autour de quatre piliers thématiques : la cohésion sociale, les dynamiques économiques, l’action de l’État et les coopérations internationales. Menés dans la collégialité et l’indépendance, l’Institut Montaigne réunit des entreprises, des chercheurs, des fonctionnaires, des associations, des syndicats, des personnes issues de la société civile et d’horizons divers. Nos travaux s’adressent aux acteurs publics et privés, politiques et économiques, ainsi qu’aux citoyens engagés. Depuis sa création, ses financements sont exclusivement privés, aucune contribution n'excédant 1,2 % d'un budget annuel de 7,2 millions d'euros.

Arsène Vassy
Chargé de projets - communication et relations presse
01 53 89 05 70 
press@institutmontaigne.org

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