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Communiqué de presse À Paris, le 13 avril
Découvrir le rapport de l'Institut Montaigne

Paris, le 13 avril 2023 - Alors que la question du plein emploi demeure une priorité pour l’exécutif, les difficultés de recrutement dans certaines filières en tension restent très marquées. Le territoire du Nord n’échappe pas à cette dynamique, avec un taux de chômage structurellement supérieur à la moyenne nationale (9,4 % contre 7,2 %).

L’Institut Montaigne s’est emparé de cette problématique en se concentrant sur la Métropole Européenne de Lille (MEL), un territoire au cœur du développement économique de la région des Hauts-de-France (25 % de l’emploi régional). Or, ce territoire souffre de plusieurs paradoxes : économiquement dynamique mais des déterminants sociaux particulièrement dégradés, fort degré d’interventions publiques et d’acteurs en matière d’emploi mais un manque d’efficacité et de lisibilité des actions menées.

Ainsi, dans la continuité de nos précédents travaux sur les territoires, nous publions aujourd’hui un nouveau rapport intitulé “Métropole Européenne de Lille : des clés pour le plein-emploi. Réalisée en lien étroit avec Entreprises et Cités, cette étude a réuni plus d’une centaine d’acteurs locaux afin d’identifier les principaux freins d’appariement sur le marché du travail et de proposer plusieurs recommandations concrètes agissant à la fois sur l’offre, la demande et la gouvernance de l’emploi sur le territoire. Parmi les recommandations proposées à l’échelle locale, certaines peuvent constituter des solutions à l’échelle nationale.

Elle a également produit un outil inédit : une cartographie non exhaustive de l’ensemble des acteurs et dispositifs intervenant sur le territoire en matière d’emploi, d’insertion professionnelle et de création d’entreprises, permettant de donner à voir le dynamisme des dispositifs d’accompagnement et de réfléchir à la coordination des structures de l’emploi, leur bon fonctionnement ainsi qu’aux manques et doublons sur le territoire.

Cartographie

La question de l’emploi et des compétences est le sujet de préoccupation numéro un des entreprises. Unir nos forces pour apparier compétences des habitants, besoins des entreprises et politiques de l’emploi, nous est apparu comme une évidence. Les travaux de l’Institut Montaigne confortent « notre raison de faire », et nous rappellent la nécessité d’agir ensemble pour les réussites indissociables de l’entreprise et du territoire.” rappelle Jean-Pierre Letartre, président d’Entreprises et Cités

Les acteurs engagés en faveur de l'emploi sur le territoire de la MEL doivent faire preuve d’une plus grande coordination. Les entreprises dans leur très grande diversité sont les acteurs principaux de cette dynamique mais il est aussi nécessaire de prendre la mesure de l’importance de l'emploi public et associatif” insistePierre Mathiot, directeur de l’IEP de Lille

Le travail est plus que jamais un fondement de notre vie sociale, et l’emploi en est un vecteur privilégié. Partout dans notre pays, « Chacun a le devoir de travailler et le droit d'obtenir un emploi ». Il est urgent de poser des actes pour permettre à tous, par son travail, de se réaliser et de contribuer au bien commun.” souligne Jean-Yves Doisy, directeur de Vitamine T

Cette démarche s’inscrit dans la volonté de l’Institut Montaigne de répondre concrètement à des problématiques identifiées localement. Ainsi, avec le concours des forces vives du territoire, cette étude collégiale a permis de proposer de nouvelles pistes pour un développement économique et social bénéficiant à tous les citoyens de la MEL.” expliqueIona Lefebvre, responsable de projet Territoires & société à l’Institut Montaigne

DYNAMISER L’OFFRE D’EMPLOI EN ANTICIPANT L’AVENIR ET EN VALORISANT L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE

Alors que la culture industrielle y reste particulièrement affirmée, et que les entreprises du secteur connaissent des besoins de main d'œuvre importants, la MEL ne semble pas totalement assumer son identité industrielle, pourtant nécessaire au renforcement de l’attractivité de l’emploi, notamment auprès des étudiants et des jeunes diplômés.

Recommandation n°1 : Mobiliser l’ensemble des acteurs de l’emploi autour de la promotion d’une identité industrielle forte et moderne pour favoriser l’attractivité de l’emploi: candidater au dispositif “Territoires d’industrie” qui permettrait de bénéficier d’aides financières et d’investir dans le volontariat territorial en entreprise (VTE), pour attirer les étudiants et jeunes diplômés en leur proposant des postes à responsabilité dans les PME et ETI.

L’inadéquation entre l’offre et la demande d’emploi dans la MEL s’explique par l’inadéquation des compétences, le manque de main d'œuvre et le manque d’attractivité des  conditions de travail, créant de fortes tensions de recrutement dans certaines filières. La diversification des secteurs économiques a fait émerger des besoins en compétences nouveaux, qui n’ont pas été suffisamment anticipés et manquent encore de vision prospective pour penser une véritable stratégie territoriale de l’emploi.

Recommandation n°2 : Structurer un dialogue social territorial (DST), et par le recours au droit à l’expérimentation, permettre aux partenaires sociaux de négocier des accords intersectoriels au niveau local, pour mieux mobiliser les compétences existantes et favoriser la création de nouvelles offres.Ce DST pourrait prendre la forme d’un “dialogue social normatif” permettant aux partenaires sociaux de négocier des accords interprofessionnels locaux - cette mesure constituerait une véritable innovation en droit du travail qui n’accorde pas, en principe, de valeur juridique à la négociation locale intersectorielle - ou d’un “dialogue social de propositions d’actions”.

Le faible nombre de création d’offres d’emploi dans les Quartiers Prioritaires de la politique de la Ville (QPV) du territoire masque l’existence d’activités de l’économie informelle (garages de rue, cantines de quartier...). Souvent exercées par des publics “invisibles”, elles fournissent des services d’utilité sociale à bas prix pour leurs habitants. Parallèlement, le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) s’est fortement développé en réponse aux mêmes besoins.

Recommandation n°3 : Valoriser certaines activités exercées dans le cadre de l’économie informelle pour rapprocher de l’emploi les publics qui en sont les plus éloignés, notamment en encourageant la création collective d’activités et de projets pour structurer l’économie informelle et en développant l’accompagnement individuel dans l’emploi salarié par la valorisation des acquis de l’expérience professionnelle (VAE).

Recommandation n°4 :Créer un site d’excellence autour de l’économie sociale et solidaire pour favoriser la création individuelle d’entreprises par les demandeurs d’emploi, au travers du Pôle Territorial de Coopération économique (PTCE).

AGIR MASSIVEMENT SUR L'ORIENTATION PROFESSIONNELLE POUR MIEUX PRÉPARER LES DEMANDEURS D'EMPLOI

Les jeunes sont particulièrement éloignés de l’emploi, notamment en raison d’un niveau de formation plus faible que la moyenne nationale, et des compétences en inadéquation avec les offres d’emploi. En effet, 17 % des demandeurs détiennent un niveau inférieur au CAP-BEP tandis que seules 4 % des offres correspondent à ce niveau de qualifications. Cela s’explique par des difficultés d’orientation professionnelle, en particulier chez les jeunes issus de familles ayant connu plusieurs générations d’exclusion du fait de la désindustrialisation.

Recommandation n°5 : Mettre en œuvre une politique volontariste pour orienter les jeunes vers les filières en tension, en agissant sur l’information et les représentations des métiers d’avenir : mobiliser la plateforme départementale pour les stages de troisième en entreprise autours des filières en tension, expérimenter la mise en place d’un mentorat obligatoire pour les élèves des REP et REP+ à partir du collège, rapprocher les enseignants et les conseillers des missions locales du monde du travail par des immersions en entreprise…

SIMPLIFIER ET MIEUX COORDONNER LA GOUVERNANCE DES POLITIQUES DE L’EMPLOI

En réponse au manque de coordination et à la superposition des périmètres d’intervention des acteurs de l’emploi, a été mis en place le Service Public de l’Emploi Local (SPEL), une instance de coordination co-pilotée par la région et la sous-préfecture de Roubaix, au niveau de l’arrondissement. Cependant, cette gouvernance n’apparaît pas toujours adaptée à la réalité du terrain (instance mal identifiée par les acteurs locaux, articulation autour d’un périmètre figé contrairement à celui du bassin d’emploi qui est évolutif, absence de gouvernance transfrontalière…).

Recommandation n°6 : Repenser la gouvernance locale des politiques de l'emploi à travers un SPEL rénové, échelon de référence de la coordination et de l’opérationnalité des actions engagées structuré autour de quelques acteurs (Pôle Emploi et France Travail demain, de l’État, des collectivités, du DST et des groupes de travail thématiques…), avec un périmètre redéfini autour du bassin d’emploi et avec une dimension transfrontalière forte.

Les acteurs du secteur ont besoin de données plus fines pour piloter plus efficacement les politiques de l’emploi et faire remonter à l’instance de coordination l’ensemble des données de l’emploi. Ce manque de précision freine également l’essaimage des actions les plus efficaces.

Recommandation n°7 : Affiner le pilotage des politiques de l'emploi au sein du SPEL en précisant leur évaluation : mettre en place un comité d'évaluation au sein du SPEL pour faire émerger les bonnes pratiques, tenir à jour une cartographie complète des dispositifs disponibles sur le territoire à destination des pouvoirs publics comme des demandeurs d’emploi (à cet égard, la cartographie réalisée par l’Institut Montaigne constitue une base de travail), créer des outils de pilotage transfrontaliers.

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À propos de l’Institut Montaigne |

Think tank indépendant créé en 2000, l’Institut Montaigne est une plateforme de réflexion, de propositions et d’expérimentations consacrée aux politiques publiques en France et en Europe. Ses travaux sont le fruit d'une méthode d'analyse et de recherche rigoureuse et critique, ouverte sur les comparaisons internationales. L’Institut Montaigne, association à but non lucratif pionnière en France, réunit des chefs d'entreprise, des hauts fonctionnaires, des universitaires et des personnalités issues d’horizons divers. Ses financements sont exclusivement privés, aucune contribution n'excédant 1,5 % d'un budget annuel de 6,5 millions d'euros. À travers ses publications et les événements qu’il organise, l'Institut Montaigne souhaite jouer pleinement son rôle d'acteur du débat démocratique.

Joséfa Balavoine
Chargée de projets en communication et relations presse
+33 06 38 10 69 79
jbalavoine@institutmontaigne.org

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