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Communiqué de presse À Paris, le 3 juillet 2025




Cleantech : réduire nos dépendances stratégiques à la Chine
Découvrir la note

Alors que l’objectif européen de réduire de 90 % les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2040 est remis en cause, l’Institut Montaigne publie aujourd’hui une nouvelle note d’action intitulée “Cleantech : réduire nos dépendances stratégiques à la Chine”. Rédigée par Joseph Dellatte, chercheur et expert résident - climat, énergie et environnement à l’Institut Montaigne, cette note met en lumière les vulnérabilités stratégiques de l’Europe dans les chaînes de valeur des cleantech, dans un contexte où elle s’est fixé pour objectif de réussir sa transition verte en développant la production de technologies propres sur son territoire. Celle-ci doit atteindre 40 % des besoins annuels européens d’ici 2030, et 15 % de la production mondiale en valeur d’ici 2040. Cette note avance des solutions concrètes visant à faire de l’Europe un acteur majeur et souverain des cleantech, en cohérence avec ses ambitions climatiques et sa volonté de renforcer sa compétitivité.

"L’Union européenne doit faire un choix stratégique : rester spectatrice et cliente d’une transition pilotée depuis Pékin, ou redevenir puissance industrielle en conditionnant l’accès à son marché à la relocalisation des chaînes de valeur sur son sol et chez ses partenaires ?" - Joseph Dellatte, Expert résident climat, énergie et environnement à l’Institut Montaigne.

Chaînes de valeur des cleantechs : une domination totale de la Chine

L’Europe est confrontée à une dépendance excessive à l’égard de la Chine, qui domine de nombreuses chaînes de valeur des cleantech — de l’extraction minière à la transformation, jusqu’à la fabrication des produits finis : 

  • À titre d’exemple, environ 75 % de la production et plus de 90 % du raffinage mondial de graphite est réalisé en Chine, un minéral essentiel pour les panneaux solaires, les batteries électriques, les piles à combustible à hydrogène et certains électrolyseurs.
  • 97 % des panneaux solaires importés dans l’UE proviennent de Chine, montrant la mainmise de Pékin sur les technologies propres.

Cette domination ne repose pas sur un avantage géologique, mais sur une stratégie industrielle de long terme fondée à la fois sur l’exploitation des ressources nationales et sur une expansion internationale agressive. Ainsi, les institutions financières adossées à l’État chinois ont accordé près de 57 milliards de dollars de prêts à des pays riches en ressources, afin de sécuriser l’accès aux minerais critiques.

Une production européenne freinée par des fragilités structurelles

Malgré des avancées, notamment à travers le Clean Industrial Deal, l’Europe reste vulnérable et exposée aux chocs géopolitiques perturbant l’approvisionnement en matériaux nécessaires à sa décarbonation.

Cette situation reflète plusieurs fragilités structurelles, parmi lesquelles : 

  • un déficit de capacités de production
  • une expertise technologique toujours en développement
  • un cadre réglementaire peu propice à l’extraction minière.

Face à l’hégémonie chinoise, le Japon et la Corée du Sud ont été des précurseurs dans la mise en œuvre de stratégies destinées à réduire leur dépendance. L’Europe gagnerait à s’inspirer des outils institutionnels et financiers, ainsi que des partenariats développés par ces deux puissances industrielles.

3 priorités pour faire de l’Europe un acteur majeur et souverain des cleantech

Pour atteindre ses objectifs climatiques, l’Europe doit bâtir une chaîne de valeur résiliente, innovante et compétitive. Cette note propose plusieurs pistes d’action articulées autour de trois axes prioritaires :

1. Utiliser le marché européen comme stratégie industrielle, en conditionnant son accès à une implantation locale des chaînes de valeur en technologies propres. 

Cette stratégie doit s’accompagner d’outils de souveraineté industrielle, notamment en soutenant le recrutement local d’ingénieurs et techniciens, ainsi que l’utilisation de robots d’assemblage produits en Europe.

2. Adapter les règles européennes pour favoriser l'investissement et développer l’extraction, le raffinage et le recyclage des matériaux critiques.

Une révision des statuts de la Banque européenne d’investissement (BEI) lui permettrait de jouer un rôle central dans le soutien aux projets stratégiques pour l’UE, dont le financement de réserves européennes de matériaux critiques.

3. Établir des partenariats stratégiques avec des pays tiers et mutualiser les risques avec des acteurs aux intérêts convergents. 

Une coopération étroite avec des partenaires clés permettrait de sécuriser les approvisionnements, favoriser l’intégration de projets industriels sur le sol européen et développer des technologies avancées de recyclage et de raffinage.

Ces propositions pourraient servir de socle aux discussions sur le nouveau Industry Decarbonization Accelerator Act et les Clean Trade and Investment Partnerships (CTIP), un cadre de coopération actuellement en cours d’élaboration à Bruxelles.

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À propos de l’Institut Montaigne

Créé en 2000, l’Institut Montaigne est un espace de réflexion, de propositions concrètes, et d’expérimentations au service de l’intérêt général. Think tank de référence en France et en Europe, ses travaux sont le fruit d’une méthode d’analyse rigoureuse, critique et ouverte qui prennent en compte les grands déterminants sociétaux, technologiques, environnementaux et géopolitiques afin de proposer des études et des débats sur les politiques publiques. Association à but non lucratif, l’Institut Montaigne organise ses travaux autour de quatre piliers thématiques : la cohésion sociale, les dynamiques économiques, l’action de l’État et les coopérations internationales. Menés dans la collégialité et l’indépendance, l’Institut Montaigne réunit des entreprises, des chercheurs, des fonctionnaires, des associations, des syndicats, des personnes issues de la société civile et d’horizons divers. Nos travaux s’adressent aux acteurs publics et privés, politiques et économiques, ainsi qu’aux citoyens engagés. Depuis sa création, ses financements sont exclusivement privés, aucune contribution n'excédant 1,2 % d'un budget annuel de 7,2 millions d'euros.

Nicolas Masson
Chargé de projets - communication et relations presse
01 53 89 05 70
press@institutmontaigne.org

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