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16/06/2017

Comprendre la mobilité d’aujourd’hui pour anticiper celle de demain

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Comprendre la mobilité d’aujourd’hui pour anticiper celle de demain
 Victor Poirier
Auteur
Ancien directeur des publications

Dans le cadre du rapport Quelle place pour l'automobile demain ? rendu public jeudi 1er juin, l'Institut Montaigne a conduit, avec Kantar-TNS Sofres, une enquête d'opinion inédite sur les habitudes et les attentes des citoyens en matière d'automobile. 3 000 personnes ont été interrogées en France, en Allemagne et en Californie.  

Quels enseignements nous livre ce sondage ?

Se déplacer aujourd’hui...

  • Les caractéristiques géographiques des trois zones étudiées influent sur les moyens de transport privilégiés : en Californie, les usagers utilisent plus fréquemment la voiture, l’avion et le train, du fait de la longueur des trajets à parcourir que leurs homologues Français et Allemands. Sept Californiens sur dix utilisent la voiture dans leurs déplacements domicile-travail, contre 64,4 % pour les Français. Dans les trois zones : plus de la moitié des répondants utilisent leur voiture personnelle au moins une fois par jour, faisant de cette dernière le moyen de transport le plus usité ;  
     
  • 99 % des possesseurs d’une voiture ne comptent pas s’en séparer (ils veulent soit la garder, soit en changer). Cette réponse unanime s’explique par l’image dont bénéficie l’automobile auprès des citoyens aujourd’hui : pour plus d’une personne interrogée sur deux, la voiture est avant tout synonyme de liberté et d’indépendance. Les aspects négatifs liés à la possession d’un véhicule (nuisance pour l’environnement, contrainte) ne sont cités que très rarement par les répondants, même si une personne sur cinq conçoit l’automobile comme une source de dépenses ;
     
  • Le permis de conduire est détenu par plus de neuf personnes sur dix. Les jeunes (18-24 ans) ne sont pas en reste car 83,9 % des Français, 80,1 % des Allemands et 85,1 % des Californiens en disposent.
     
  • Si elles sont en croissance, les nouvelles formes de mobilité (l’autopartage, le covoiturage, la location de voiture entre particuliers...) ne sont encore que très partiellement exploitées. En France, leur usage au quotidien ne dépasse pas 4,5 % des individus concernés, quelle que soit la zone géographique concernée. Les Allemands (5,8 %) et les Californiens (6,3 %) en ont un usage quotidien tout autant limité. Ceux qui ont recours aux nouvelles mobilités le font en remplacement de la voiture individuelle (dans 40 à 60 % des cas selon les pays), mais aussi pour substituer des trajets habituellement réalisés en train (11 à 18 %, via le covoiturage longue distance), en transports en commun ou à pied (un tiers des usagers, privilégiant ainsi l’autopartage ou le VTC).  

La voiture demeure donc un mode de transport privilégié et plébiscité par les sondés des trois régions. Elle est ainsi réputée pour son aspect pratique (pour les Européens) et son confort (pour les Californiens). De plus, en comparaison avec les autres moyens de locomotion, les répondants citent comme atout majeur de l’automobile sa flexibilité (horaires etc.), et ce dans les trois zones géographiques étudiées. Choisie, l’automobile l’est néanmoins parfois faute de mieux : près de quatre individus sur dix estiment ainsi n’avoir aucune autre alternative à ce mode de transport.

Se déplacer demain : quel rôle pour le véhicule autonome ?  

Lorsqu’ils sont interrogés sur le véhicule du futur qui conviendrait le mieux à leurs besoins, les Français (31 %) et les Allemands (29 %) citent le respect de l’environnement comme caractéristique principale. Les Californiens sont davantage sensibles à la sûreté. Enfin, seuls 16,4 % des Français, 15 % des Allemands et 22,3 % des Californiens considèrent que le véhicule qui répondrait le mieux à leurs besoins serait le véhicule autonome, dont les potentielles promesses suscitent un certain scepticisme : la moitié des sondés considèrent qu’un tel véhicule correspondrait à leurs besoins.

Paradoxalement, ils sont près de deux tiers à avoir une perception globalement positive du véhicule autonome (63,3 % pour les Français, 64,4 % pour les Californiens et 54,5 pour les Allemands). De plus, on constate un quasi-consensus sur la capacité du véhicule autonome à permettre aux personnes à mobilité réduite de se déplacer aisément (plus de 4 sondés sur 5). Enfin, un véhicule autonome réduirait la perte de temps liée à la recherche d’un stationnement selon 80,3 % des Français. Il permettrait de faire des trajets plus longs sans se fatiguer pour 71,9 % des Allemands et pour 79,9 % des Californiens.  

Dès lors, comment expliquer leur manque d’enthousiasme face à cette nouvelle technologie ? Tout d’abord, les répondants doutent du prix de la voiture autonome lorsque celle-ci sera mise en vente : 45,8 % des Français, 43,1 % des Allemands et 40,3 % des Californiens l’identifient comme le principal inconvénient de cette dernière. Autre réserve exprimée, la protection de leurs données personnelles : la crainte de voir celles-ci mal utilisées ou piratées est manifestée par un quart des Français, 27 % des Californiens et 33 % des Allemands. Mais, même si le prix leur convenait, 31,6 % des Français, 31,5 % des Allemands et 33,1 % des Californiens ignorent s’ils achèteraient un tel véhicule.Ces différents éléments constituent donc autant de freins à une diffusion rapide de ces technologies à court terme.
 

La voiture est-elle vouée à disparaître des usages et des mentalités ? Retrouvez des éléments de réponse dans le dernier rapport de l’Institut Montaigne, Quelle place pour la voiture demain ?

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