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05/01/2017

[Vu d’ailleurs] Le revenu universel

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[Vu d’ailleurs] Le revenu universel
 Blanche Leridon
Auteur
Directrice Exécutive, éditoriale et Experte Résidente - Démocratie et Institutions

La mise en place d'un "revenu universel" ou "revenu d'existence" occupe une place importante dans le débat de la campagne présidentielle de 2017. Deux candidats, Benoît Hamon et Yannick Jadot, ont placé de tels dispositifs au c'ur de leurs programmes.

Promu car il permettrait de de réduire la grande précarité, de modifier l'arbitrage traditionnel travail-loisir ou encore de simplifier le système de minima sociaux existants, le revenu universel est au c'ur des débats et fait déjà l'objet d'expérimentations en Europe. Retour sur les propositions des candidats et les principales initiatives mises en ?uvre chez nos voisins européens.

Les propositions des candidats à l’élection présidentielle de 2017

Benoît Hamon a fait du revenu universel un élément central de son programme et l’a imposé comme un thème phare de sa campagne. D’un montant de 750 euros par mois, le revenu universel proposé par Benoît Hamon sera, à terme, versé à tous les Français majeurs. L’instauration d’un tel revenu s'effectuera cependant sur le temps long - Benoît Hamon ne promet pas une généralisation à l’ensemble des Français avant la fin du quinquennat ; il pourra être financé par une fusion ciblée avec les minima sociaux ; par une réforme de la fiscalité ou par une lutte renforcée contre l’optimisation et l’évasion fiscale.

Le dispositif proposé par Yannick Jadot se rapproche de celui de Benoît Hamon : il prendrait la forme d’un “revenu d’existence” ou “revenu de base”, dont les modalités de versement et d’application seraient définies à l’occasion d’une "conférence de consensus", suivie d’un débat national. Le candidat n’a pas précisé à ce stade le montant envisagé pour un tel dispositif.

En Finlande, un revenu universel depuis le 1er janvier 2017

Depuis le 1er janvier 2017, 2 000 chômeurs finlandais tirés au sort perçoivent 560 euros par mois, à la place des différentes prestations auxquelles ils avaient droit jusqu’ici. Cette expérimentation, qui concerne des personnes sans emploi âgées de 25 à 58 ans, durera deux ans. Une évaluation du dispositif est prévue en 2019.

Aux Pays-Bas, une expérimentation en cours depuis 2016

Aux Pays-Bas, une trentaine de municipalités se sont déjà engagées, depuis janvier 2016, dans une expérimentation similaire. Dans la ville d’Utrecht, quatrième ville du pays, 300 citoyens bénéficiaires du chômage ou de minima sociaux, répartis en six groupes de 50 personnes, participent à l’expérimentation. L’un de ces groupes demeure sous le régime de sécurité sociale actuel (groupe témoin). Parmi les cinq autres, un seul reçoit un revenu de base inconditionnel (900 euros par mois pour un adulte seul et 1 300 euros pour un foyer) tandis que les trois autres groupes expérimentent des règles différentes.

En Suisse, le rejet


En Suisse, en revanche, un projet de revenu de base à 2 000 euros a été rejeté à près de 76 % lors d’un référendum organisé en juin 2016. Le projet d’initiative populaire soumis au vote prévoyait la mise en place d’un revenu "inconditionnel", versé à tous sans critère de ressources. Le caractère "utopique" et coûteux du projet a été mis en avant par les différents responsables politiques du pays. Sa mise en place aurait en effet nécessité 208 milliards de francs suisses, soit 188 milliards d’euros par an.

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