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20/01/2016

Chute du cours du pétrole : les 5 principaux enjeux pour la France

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Chute du cours du pétrole : les 5 principaux enjeux pour la France
 Victor Poirier
Auteur
Ancien directeur des publications

27,67 dollars. Lundi 18 janvier, le baril de Brent, référence européenne du pétrole, a affiché son plus bas niveau depuis 11 ans. Tiré vers le bas par la levée des sanctions contre l'Iran, le prix du pétrole connaît une chute impressionnante : un baril coûtait encore 110 dollars en juin 2014, et 65 dollars en juin 2015. Cette dynamique baissière est amenée à perdurer tant le contexte international ? et notamment la stratégie mise en ?uvre par l'Arabie Saoudite pour décourager les « petits » producteurs, ainsi que la montée en gamme progressive de l'Iran ? se prête à une baisse des cours en 2016. Quelles sont (et seront) les conséquences de cette chute pour l'économie française ? Eléments de réponse en 5 points.

  • L’allègement de la facture énergétique pour les entreprises, notamment dans les secteurs aérien et chimique.  Pour les gros consommateurs d’hydrocarbures, la chute du prix du pétrole entraîne une baisse significative des dépenses. Néanmoins, celle-ci n’est pas toujours répercutée dans la « chaîne de valeur » : l’industrie pétrochimique est ainsi accusée par la Fédération de la plasturgie de profiter du contexte pour reconstituer ses marges. Cette évolution n’est pas spécifique aux plus importants consommateurs d’hydrocarbures : tous secteurs confondus, le taux de marge a progressé d’environ 1,7 point en un an, à 31,1 % de la valeur ajoutée.

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  • Une hausse du pouvoir d’achat des ménages. Si le pétrole bas profite aux entreprises, les ménages ne sont pas en reste. L’essence, dont le prix a baissé de 24 % entre début 2014 et 2015, constitue une part conséquente du budget des Français. COE-Rexecode estime que la baisse du cours du Brent a permis au pouvoir d’achat de progresser de +1,7 % cette année, une hausse globalement répercutée dans la croissance du PIB : sur 1,1 % de croissance du PIB en 2015, 0,4 % sont attribués aux effets du pétrole. En effet, la consommation a suivi l’évolution du pouvoir d’achat, puisqu’elle a aussi augmenté de +1,4 % sur un an, avant de diminuer en novembre 2015, suite notamment aux attentats ainsi qu’à un hiver plus doux, et donc des dépenses en énergie moindres.
  • Des effets mitigés sur les finances publiques. Si l’effet positif de la chute du prix du pétrole sur la consommation des ménages est non-négligeable pour le gouvernement, la faible inflation qu’elle entraîne nuit aux recettes fiscales, notamment à celles issues de la TVA, qui représentent 50 % des recettes fiscales brutes totales en 2015, soit 193 milliards d’euros. Les recettes de la TICPE (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques) sont peu impactées par les fluctuations du prix du pétrole, puisque cette taxe est perçue sur les volumes vendus, et non sur le prix de vente du produit. La baisse des cours a certes stimulé la consommation de produits pétroliers, mais la hausse demeure limitée  (+ 1,1 % sur l’année 2015, selon l’Union Française des Industries Pétrolières).
  • Une plus forte attractivité des énergies fossiles. Le prix bas du baril n’est pas une bonne nouvelle pour les sources d’énergie peu carbonées car il contribue à les rendre moins compétitives. Ce niveau historiquement bas relance le débat autour de la détermination politique du prix du carbone dans la mesure où les arbitrages énergétiques sont recomposés sur des logiques économiques de marché. Comme l’explique la récente note de l’Institut Montaigne Entreprises & climat : de la mobilisation à l’action, un prix du carbone pèserait sur l’attractivité du pétrole et donnerait ainsi un avantage compétitif aux énergies faiblement carbonées.

Si la chute des prix du pétrole se révèle globalement positive pour l’économie française, la vigilance est de rigueur. Elle ne doit pas masquer les difficultés structurelles que nous devons affronter. Notons aussi que la baisse des prix bénéficie à tous nos partenaires commerciaux, et pas seulement aux entreprises françaises. Il demeure donc nécessaire d’agir, en parallèle, sur les autres leviers de la compétitivité : les voies d’action sont nombreuses.

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