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07/08/2013

Formation professionnelle : la France, «mono-formateur emblématique» en Europe

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Formation professionnelle : la France, «mono-formateur emblématique»  en Europe
 Angèle Malâtre-Lansac
Auteur
Ancienne directrice déléguée à la Santé

Une récente étude du Céreq sur la formation professionnelle des salariés en Europe montre des rapprochements en matière de formation continue dans les différents pays européens et souligne certaines spécificités nationales. La France se distingue par un fort accès à des formations « mono-types », essentiellement axées sur les stages et les cours.

Des salariés européens bénéficiant de plus en plus de la formation continue

Dans l’étude Formation continue des salariés en Europe : les écarts entre pays se réduisent encore publiée en juillet 2013, le Céreq note que les salariés européens sont de plus en plus nombreux à se former : en 2010, 66 % des entreprises européennes sont formatrices. Elles ont dépensé 1,6 % de leur masse salariale pour la formation de leurs personnels, la France, dans laquelle les entreprises consacrent en moyenne 2,5 % de leur masse salariale, se situant en tête des pays européens. Sans surprise, le taux d’accès à la formation professionnelle croît avec la taille de l’entreprise.

Trois groupes de pays se distinguent

Si les écarts entre pays se réduisent, des spécificités nationales, notamment concernant le financement et le type de formations suivies, continuent de marquer les pratiques de formation des pays européens.

L’étude distingue trois groupes de pays :

- les « peu formateurs » parmi lesquels la Bulgarie, la Croatie, la Hongrie, ou encore la Pologne et la Roumanie. En moyenne seules 30 % des entreprises y sont formatrices ;

- les « poly-formateurs », fortement formateurs, et proposant une grande diversité de formations. On y trouve par exemple l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Suède, etc. ;

- les « mono-formateurs », comme les pays du Bénélux, l’Espagne, l’Italie ou encore le Portugal dans lesquels les cours et les stages restent la modalité de formation privilégiée. Pour le Céreq, « La France est emblématique de ce groupe de pays : la formation continue s’est construite sur un modèle scolaire valorisant les cours et stages ».

Des Français beaucoup formés par des stages et cours, mais ayant peu accès aux autres modes de formation

Selon cette étude, « les salariés français ont une espérance de formation par cours et stages supérieure de 20 % à la moyenne européenne. (…) En revanche, leur taux d’accès aux autres types de formation est fortement inférieur à la moyenne ».

En Suède et au Royaume-Uni, les stages et les cours ont fortement reculé pour laisser place à des nouvelles modalités de formation : en situation de travail, par autoformation ou encore à travers des détachements, des rotations de poste et des cercles de qualité.

La nécessaire évaluation de l’efficacité des dispositifs de formation

Selon la DARES, la dépense française pour la formation professionnelle et l’apprentissage a atteint 31,5 milliards d’euros en 2010. Malgré cet investissement massif, l’efficacité de la formation professionnelle en France reste à démontrer.

Depuis plusieurs années, l’Institut Montaigne plaide pour une évaluation indépendante des formations dispensées. Pour s’assurer de la qualité des formations, les pouvoirs publics devraient pouvoir s’appuyer sur des indicateurs objectifs et s’imposant à tous. Ce thème sera l’un des sujets abordés à l’occasion des Entretiens de la cohésion sociale, organisés par l’Institut Montaigne en partenariat avec le cabinet August&Debouzy et Entreprise&Personnel le 11 septembre prochain.

Pour aller plus loin :

- S'inscrire au prochain débat : les Entretiens de la cohésion sociale

- Lire la note "Remettre la formation professionnelle au service de l’emploi et de la compétitivité"

- Lire l'étude "Formation professionnelle, pour en finir avec les réformes inabouties"

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