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13/07/2022

Vice-président des États-Unis : de l’ombre à la lumière ?

Vice-président des États-Unis : de l’ombre à la lumière ?
 Amy Greene
Auteur
Spécialiste de la politique américaine, Université Paris Sciences et Lettres, Sciences Po

Difficile de se cacher dans le bureau ovale… Et pourtant, il y en a toujours un, ou une, qui y parvient : le vice-président, ou "VP", fonction qui appelle un savant mélange de discrétion et de popularité. Pour ce nouvel épisode de notre série consacrée aux duos politiques et au partage du pouvoir, Amy Greene, spécialiste de la politique américaine et enseignante à Sciences Po Paris, retrace l'évolution de la figure du vice-président dans l'histoire américaine, du délégué mal-aimé au stratège du pouvoir. Elle se penche sur les rôles qu'ont joué - jouent toujours, et joueront peut-être demain ? - les trois derniers VPs : Joe Biden, Mike Pence, et l'actuelle occupante du poste, Kamala Harris.

Traduit de l'anglais par Manuela Boublil-Friedrich

Si près, mais si loin 

Longtemps oublié par l'histoire, le vice-président américain, le "VP", a souvent incarné un paradoxe : celui d'avoir si peu de pouvoir tout en étant "à un battement de cœur" de la présidence (expression employée aux États-Unis pour qualifier le VP, premier sur la ligne de succession présidentielle). Traditionnellement, la vice-présidence était offerte au candidat malheureux de l’élection présidentielle. Il ne s’agissait donc pas d'un partenariat politique voulu et cultivé par le président, mais plutôt d’un "lot de consolation" attribué aux prétendants défaits. Avant 1939, le vice-président ne faisait même pas partie de l'exécutif, sa fonction étant cantonnée, de façon plutôt protocolaire, au pouvoir législatif. Sa marge de manœuvre réduite est alors le reflet d’un statut avant tout honorifique, tel que défini par la Constitution américaine. Quoique président du Sénat, il n'a pas le droit de vote, son rôle principal consistant à départager les suffrages uniquement en cas d’égalité pour empêcher les blocages.

La fonction de vice-président ne s'étoffe véritablement qu'après la Seconde Guerre mondiale, avec l'accession à la présidence de Harry Truman, à la mort du président Franklin Roosevelt. Truman, qui a confié avoir été tenu éloigné de la stratégie militaire durant la guerre alors qu’il était VP, décide que son propre vice-président devra être davantage informé des questions de sécurité nationale dans le cas où il serait amené à diriger le pays. C’est ainsi qu'il l’inscrit formellement comme membre du Conseil de sécurité national nouvellement créé. Richard Nixon élargira encore la voie en accordant à son vice-président davantage de responsabilités en matière de politique étrangère. Sans se douter que, quelques années plus tard, il serait contraint à la démission, laissant son VP, Gerald Ford, prendre les rênes.

Il faut toutefois attendre l'élection de Jimmy Carter, en 1976, pour que la vice-présidence devienne un centre de gravité politique. "Un partenariat à part entière" comme l'a dit Carter par la suite. En effet, son VP, Walter Mondale, échaudé par la façon dont son mentor Hubert Humphrey avait été marginalisé par le président Lyndon Johnson, négocie directement avec Carter : il veut devenir un véritable partenaire, en échange de sa longue expérience politique, après douze années passées au Sénat. Carter accepte. Mondale jouera ensuite un rôle-clé dans la signature des accords de Camp David en 1979 entre l'Égypte et Israël, dans la poursuite des négociations sur les armes nucléaires avec les Soviétiques et dans l’obtention de soutiens pour faire aboutir le traité du canal de Panama, établissant ainsi le modèle de la vice-présidence moderne. 

Trois temps forts : août, novembre, janvier

Le choix du vice-président relève désormais d'une véritable tactique politique, obéissant à un agenda bien défini.Le rôle déterminant qu'il joue dans la course à la Maison Blanche se comprend d’autant mieux si l’on regarde de près le calendrier électoral qui se découpe en trois séquences clés. Août, novembre, janvier : les trois mois qui peuvent couronner de succès les espoirs d’un candidat à la présidence ou au contraire les balayer. La manière dont le candidat aborde ces trois tournants permet de mieux comprendre les ressorts du choix de son VP. 

Rappelons ici que les conventions nationales, lors desquelles chaque parti désigne son candidat à la présidence, ont généralement lieu en août. À cette occasion le parti se rassemble derrière le candidat et son colistier (le "ticket") en vue de la dernière ligne droite de la campagne. En novembre, ensuite, le principal défi consiste à convaincre une majorité d’électeurs de se rendre aux urnes le jour du scrutin afin de garantir la victoire. Enfin, en janvier, lorsque le président prend officiellement ses fonctions, il a immédiatement besoin de créer une coalition et tenir ses promesses de campagne. Les trois derniers vice-présidents symbolisent chacun l'un de ces trois temps forts. Quoique de profils très différents, ils ont tous en commun de présenter une certaine complémentarité avec le président qu’ils vont seconder.

Août (2016) : Mike Pence, pour rassembler le Parti républicain divisé

À la suite de la féroce bataille de la Primaire, le Parti républicain est dynamité. Les supporters de Trump sont galvanisés par sa mainmise sur le Grand Old Party, tandis que les républicains traditionnels sont abasourdis par la capacité de Trump à évincer les ténors et les étoiles montantes de l'establishment politique (Jeb Bush, Mitt Romney, Marco Rubio entre autres). Le temps du débat politique conservateur courtois est révolu ; place à la politique-spectacle au vitriol. 

Son investiture obtenue, Trump sait qu'il ne bénéficiera pas pour autant d'un large et mécanique soutien de la part des républicains. 

Son investiture obtenue, Trump sait qu'il ne bénéficiera pas pour autant d'un large et mécanique soutien de la part des républicains. Bien qu'il ait la "chance" de se présenter contre Hillary Clinton, cible de longue date de son parti, l'agressivité de ses propos et son passé controversé suscitent le scepticisme dans ses rangs. Puisque Trump ne mène pas campagne autour de l'unité nationale, il doit revoir sa stratégie et l'orienter autour de l'unité du parti.

Il a besoin de convaincre les républicains mainstream et les électeurs évangéliques réticents que voter pour lui est non seulement envisageable, mais, surtout, avantageux d’un point de vue politique. 

Et c'est là que Mike Pence entre en lice. Gouverneur de l'Indiana, chrétien évangélique pratiquant, il jouit d’une popularité considérable auprès de la droite chrétienne à travers tout le pays. Le tempérament calme et posé de Pence est un miroir inversé du style et de l'humeur versatile de Trump. Ses positions conservatrices rendent Pence compatible avec les intérêts de la droite issue du monde de la finance et des électeurs traditionalistes. À ces électeurs, Pence va montrer que sa moralité chrétienne, son vaste réseau politique et son expérience de gouverneur font de lui la force tranquille capable de promouvoir un programme auquel ils œuvrent depuis des années.

Novembre (2020) : Kamala Harris, pour ouvrir la voie de la diversité au Parti démocrate

Dans le contexte de la vague nationale de contestation et de manifestations antiracistes de 2020 qui a suivi le meurtre de George Floyd, il devient urgent pour les dirigeants démocrates d’entamer un changement de cap culturel. Les électeurs de couleur - en particulier les femmes noires - jouent depuis longtemps un rôle déterminant dans la victoire des démocrates. En 2017, pour la première fois en 25 ans, ils ont permis à un démocrate (Doug Jones), de remporter le siège de sénateur de l'Alabama face à un adversaire soutenu par Trump. Bien qu'Hillary Clinton ait perdu les élections en 2016, une enquête du think tank Pew Research Center a mis en évidence que 98 % des femmes noires ont déclaré avoir voté pour elle, contre seulement 45 % de femmes blanches. En outre, les médias commencent à s'indigner dès 2018 et 2019 du fossé qui sépare ces électrices influentes de leur représentation au sein de la direction du Parti démocrate. Joe Biden lui-même doit rendre des comptes. ll est de plus en plus critiqué pour un comportement jugé agressif et dédaigneux à l'égard d'Anita Hill. Madame Hill, une professeure de droit noire, a été auditionnée en 1991 par la commission judiciaire du Sénat (présidée par Biden) au sujet de ses accusations de harcèlement sexuel contre Clarence Thomas, alors candidat à la Cour suprême. À l'approche des élections, Biden sait qu'il doit agir pour calmer les critiques venant notamment de son propre camp.

Alors qu'il est sur le point d'être investi candidat démocrate pour la présidentielle, Biden annonce qu'il envisage de choisir son VP parmi, notamment, quatre femmes noires. L'une d’elles, Kamala Harris − qui sera finalement nommée colistière - présente plusieurs avantages. Candidate tenace face à Biden lors des primaires, elle a un parcours brillant, doublé d’une ascension rapide. Elle accède au siège de sénateur de Californie quelques années après être devenue la première femme procureure générale de cet État qui est à la fois le plus peuplé et celui ayant le plus de diversité. Et, comme Biden, Harris est ancrée au centre de l’échiquier démocrate.

Kamala Harris deviendra la première femme, la première personne de couleur et la première personne d’origine sud-asiatique à accéder au poste de vice-président des États-Unis.

À ce moment décisif de l'histoire des États-Unis (tant d'un point de vue politique que culturel), le choix de Kamala Harris, en lien avec sa personnalité et ses antécédents, va permettre à Biden de laisser entendre qu'il y aura un passage de relais historique du pouvoir. Un signal envoyé aux électeurs démocrates avides de changement auxquels il s'était déjà présenté comme un "pont, et rien d’autre" avec la nouvelle génération.

Kamala Harris deviendra la première femme, la première personne de couleur et la première personne d'origine sud-asiatique à accéder au poste de vice-président des États-Unis. Par ce choix, Joe Biden prouve son engagement en faveur d'un parti démocrate multiculturel et offre aux électeurs l'occasion de réitérer une "grande première" historique quatre ans après l'élection d’Obama, tout en réaffirmant sa vision centriste de la politique. 

Janvier (2009) : Joe Biden, pour guider le nouveau venu

Avec une ascension inattendue, foudroyante et historique, Barack Obama défait Hillary Clinton en 2008 et remporte l'investiture du Parti démocrate. Les Clinton avaient consacré des décennies à (re)façonner le Parti démocrate, à soutenir une nouvelle génération de dirigeants et à collecter des fonds avec un réel succès. Épaulée par l'establishment, Hillary Clinton semblait voler vers la victoire. Mais les électeurs en ont décidé autrement. En dépit d'une campagne des primaires intense et virulente, Hillary Clinton apporte son soutien à Barack Obama immédiatement dès lors que sa victoire devient inéluctable. Ce faisant, elle favorise l'unité du parti. Obama, avec sa base électorale en rangs serrés derrière lui, peut et doit dorénavant consacrer ses forces à rallier les voix des électeurs indécis, au-delà du Parti démocrate.

Choisir le bon VP va permettre à Obama d'atteindre trois objectifs cruciaux. Tout d'abord, rassurer les électeurs blancs de la classe ouvrière qui ont déserté la gauche au profit de George W. Bush et avec lesquels il a du mal à établir des liens ; ensuite, s’assurer le concours d'un initié de Washington qui lui apportera l'expérience et les relations nécessaires pour gouverner dès le premier jour ; enfin, trouver un allié et partenaire loyal dont l'ambition personnelle ne lui fera pas obstacle.

Les épreuves et les deuils que Biden a endurés dans sa vie privée lui ont donné une approche très empathique, plus humaine, de la politique.

Joe Biden, issu d'une famille catholique irlandaise de la classe ouvrière de Pennsylvanie, les connaît bien, ces électeurs désabusés, ces "cols bleus" qui se sentent abandonnés par les élites politiques. Il sait aussi qu'ils pourraient se méfier d'un candidat qui a un "drôle de nom", comme Obama l'a dit de lui-même. De surcroît, les épreuves et les deuils que Biden a endurés dans sa vie privée lui ont donné une approche très empathique, plus humaine, de la politique ce qui forme un contraste bienvenu avec le côté intellectuel et plus distant d'Obama.

Tout comme son attachement de longue date à son Delaware - d'où il a longtemps fait le trajet quotidien en train, en tant que sénateur, pour se rendre à Washington - le rend "sympa" et lui confère une image de simplicité. Les origines cosmopolites d’Obama semblent en effet peu familières, pour ne pas dire suspectes, à de nombreux électeurs.

Rompu aux arcanes du Congrès depuis 36 ans, le sénateur Joe Biden a occupé des postes influents tels que président ou membre sénior des commissions sénatoriales des affaires étrangères et de la justice. Sa fine connaissance des coulisses politiques sera précieuse pour obtenir les soutiens nécessaires à l’aboutissement du programme législatif d'Obama dans un climat de crise économique. Son âge est également un "avantage" : il considère la vice-présidence comme l'apogée de sa prestigieuse carrière, et non comme un tremplin en vue de la prochaine présidentielle - comme l'a fait remarquer Glenn Thrush. Reste que Joe Biden a donné à Barack Obama la crédibilité dont il avait besoin pour devenir président en 2009, avant qu’Obama ne lui rende la pareille en 2020

Enfin à la Maison Blanche : le VP doit avancer dans un chemin semé d'embûches

Une fois arrivés au pouvoir, un président et son vice-président sont confrontés à des dynamiques d'une rare complexité qui peuvent engendrer des tensions dans leur relation, aussi étroite soit-elle. En fin de compte, la vice-présidence est un exercice d’équilibriste : le VP doit, d’un côté, œuvrer pour atteindre les objectifs du président, et de l'autre, tout faire pour éviter de se voir confier uniquement les dossiers politiques les plus épineux. Comment faire pour se construire une image forte tout en maintenant une loyauté absolue à l’égard du président ? 

En dépit des tensions et des maladresses des débuts, Obama et Biden développeront une relation de travail étroite et fructueuse.Obama confiera notamment à Biden deux missions particulièrement sensibles : la supervision du plan de relance économique et le retrait d’Irak amorcé en 2010. Ils se sont même qualifiés l'un et l'autre de "frères" à plusieurs reprises. 

Après avoir lui-même accédé au Bureau ovale, Biden entretient pourtant une relation plus ambigüe avec sa propre vice-présidente. Kamala Harris a du mal à trouver sa voie. Elle, qui a été sur le devant de la scène américaine durant des mois, apparaissant systématiquement aux côtés de Biden, est retournée dans l’ombre au fil du temps. Se dessine le portrait d’une VP qui n’a pas de domaines d’action bien identifiés, dont le rôle manque de clarté et dont l’horizon politique est incertain.

Kamala Harris semble incarner une promesse… non tenue par Biden. Elle était la femme porteuse d’espérance qui personnifiait le dynamisme d'une nouvelle génération. Elle allait prouver son aptitude à prendre la relève d'un président âgé, président d’ailleurs que certains pensaient incapable d’aller au bout de son mandat. 

Kamala Harris semble incarner une promesse… non tenue par Biden. 

Lui, représentait la sagesse et l'expérience ; elle devait insuffler des idées nouvelles avec l'énergie nécessaire pour les mettre en œuvre. Mais cette répartition des rôles, séduisante sur le papier, peine à se mettre en forme dans la réalité de l'exercice du pouvoir.

À mi-mandat, Kamala Harris n'a pas réussi à laisser son empreinte sur les dossiers dont elle a été chargée - disparates, il est vrai (crise de l'immigration mexicaine et relations avec les pays du Triangle Nord - le Guatemala, le Honduras et le Salvador - réforme du droit de vote, la sécurité mondiale de l’eau). À qui la faute ? Les conseillers des deux dirigeants renvoient la responsabilité à l'autre camp. Quoi qu'il en soit, le silence de Kamala Harris sur la scène politique est aussi assourdissant que le très grand enthousiasme généré par sa nomination. Sera-t-elle finalement capable de surmonter cette absence pour se lancer dans la course de 2024 si l'opportunité se présente ?

Trump-Pence, Biden-Harris : en route vers la présidentielle de 2024 ?

Si Donald Trump semble certain de se présenter à l'investiture républicaine de 2024 et convaincu de sa victoire, Mike Pence, de son côté, pose discrètement des jalons pour entrer dans la course.Il a commencé à faire campagne en vue des élections primaires locales, notamment en faveur d'un des candidats fustigés par Trump, et vante son rôle dans les réussites politiques de la précédente administration. De la sorte, Pence prend ses distances avec son ancien boss, faisant le pari que les électeurs républicains finiront par se lasser des turpitudes de Trump au profit d’un candidat capable de tenir ses promesses.

Et Biden ? Il a annoncé à plusieurs reprises qu’il entendait briguer un nouveau mandat dans deux ans, mais de nombreux élus et personnalités démocrates en doutent. Biden est peut-être sincère lorsqu'il affirme être le seul à pouvoir battre Trump en 2024. Ou peut-être veut-il gagner du temps et éviter que les républicains ne resserrent les rangs en vue des élections de mi-mandat de novembre − espérant ainsi empêcher une vague conservatrice tout en étant dans la position d’un "lame duck" (terme utilisé pour qualifier un président qui ne se représentera pas). Les démocrates et électeurs progressistes sont de plus en plus mécontents d'un Biden qu'ils estiment impuissant et immobile, incapable de tenir un discours musclé pour lutter contre un Parti républicain toujours plus extrémiste. De son côté, Kamala Harris, à qui on avait pensé il y a tout juste deux ans pour reprendre le flambeau, fait face à une bataille difficile. Sous le feu des critiques qui la considèrent comme une VP peu marquante, voire insignifiante, lui reprochant d’être dans le même immobilisme que le président, elle ne fait plus figure d'héritière naturelle. Si Biden ne se représente pas en 2024, elle aura probablement à affronter plusieurs challengers aux primaires : du jeune ministre des Transports Pete Buttigieg à la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, le champ des possibles semble aujourd’hui plus ouvert que jamais dans le camp démocrate.

Les clés d'un duo efficace

Un duo présidentiel, aussi harmonieux soit-il, ne sera jamais à l'abri de tensions et de rivalités. Certains ingrédients peuvent néanmoins renforcer son efficacité, à commencer par la complémentarité. Origine ou genre, expérience ou tendance politique, chacun de ces facteurs peut permettre à un VP de compléter le profil d'un président et contribuer à en faire un dirigeant plus performant. Essentiel également, le soutien indéfectible (qui peut aller jusqu'au sacrifice) du VP au président car il permet d'ajouter un autre ingrédient indispensable à un bon partenariat : la confiance. Le vice-président doit pour cela être capable de faire passer sa loyauté envers le "commandant en chef" avant ses intérêts personnels, de servir l'agenda présidentiel, quelles qu’en soient les conséquences pour ses ambitions futures, et de n'exprimer de critiques qu’en privé. En substance, il doit se comporter en "meilleur collaborateur" du président plutôt qu’en co-président.

L'expérience a montré que, bien que le président ne doive rien à son numéro deux, d'un point de vue constitutionnel, il peut capitaliser sur cette complémentarité en confiant à son VP des responsabilités importantes, et en faire un véritable partenaire. Certes, les atomes crochus qui existent entre eux à l'origine peuvent expliquer que le VP se voie confier davantage de pouvoir, mais la dynamique ne s'installe dans la durée que si ce dernier accepte les missions successives qui lui sont confiées - peu importe leur nature - et les gère avec compétence. Et s'ils ne seront jamais des partenaires égaux, leur partenariat peut s’avérer "gagnant-gagnant" : un président renforcé par son VP et un VP doté d'un bilan sur lequel il pourra s’appuyer… pour d’autres lendemains.

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