Par ailleurs, bien que 90 % des patients soient favorables à la publication d’indicateurs de qualité, l’évaluation de la qualité des soins n’est pas systématiquement intégrée dans les financements, ce qui limite la réflexion sur les prises en charge proposées aux patients. Les indicateurs de qualité sont des outils permettant de mesurer et d’évaluer la qualité de la prise en charge d’une pathologie et les bonnes pratiques médicales liées à cette dernière. Dans le cadre des pratiques ambulatoires et domiciliaires cette évaluation est cruciale puisque plusieurs professionnels interviennent successivement auprès du patient. Il serait alors pertinent de définir des indicateurs de qualité des soins adaptés aux pathologies suivies en ambulatoire, tout en équipant les lieux de soins (hôpital, ville, domicile, médico-social) en applications numériques capables de recueillir et d’analyser ces indicateurs.
Défi 4 : Impliquer davantage le patient dans sa prise en charge
Le rapport des citoyens au système de santé évolue. Les patients sont de plus en plus autonomes et souhaitent être impliqués et mieux informés sur les soins qu’ils vont recevoir : ils sont experts de leur maladie. Pourtant, ils sont encore largement oubliés dans le processus de prise de décision et dans l’organisation des parcours de soins. Le patient et ses aidants sont souvent laissés seuls pour naviguer dans le système de santé. La multiplicité des acteurs, le manque de lisibilité de l’offre et le travail en silos indépendants limitent les actions de prévention. Cela contribue également à complexifier davantage le parcours du patient qui assure souvent seul son orientation. De plus, du fait d’un défaut d’information, un patient atteint d’une maladie chronique n’est pas toujours tenu au courant des différents traitements et alternatives de prises en charge à l’hospitalisation conventionnelle. Par exemple, sur 48 000 patients dialysés en France, seuls 250 bénéficient de l’hémodialyse à domicile. De manière générale, le manque de partage d’informations avec le patient peut le rendre passif face aux décisions et recommandations médicales, l’amener à ne pas les respecter scrupuleusement et, par conséquent, conduire à des réhospitalisations évitables.
Enfin, les associations des patients regrettent le faible recours à l’Éducation thérapeutique du patient (ETP), outil d’aide à la compréhension du fonctionnement du traitement prescrit et d’autonomisation du patient. L'ETP reste, par ailleurs, un acte principalement pratiqué à l’hôpital, majoritairement pour des raisons historiques. En effet, l’hôpital réunissait les compétences pluridisciplinaires nécessaires pour proposer une démarche éducative personnalisée, certaines spécialités (comme la diabétologie ou la pneumologie) étaient mobilisées sur le sujet, et l’ETP faisait donc partie intégrante du soin hospitalier. Le rapport de l’Institut Montaigne propose de créer des modèles d’Éducation thérapeutique du patient (ETP) personnalisés en ville et à domicile prenant en compte le niveau de connaissances et d’autonomie du patient, sa pathologie ainsi que son environnement.
Co-écrit avec Milena Sudolowicz, Assistante chargée d’études
Copyright Image : Pavel Danilyuk / Pexels
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