Pour réussir à faire nation, tout le monde doit pouvoir s'engager. Si un tiers des membres de la Garde nationale sont des jeunes de moins de 30 ans, la réserve est ouverte à toutes les classes d'âge.
De même, la complexité du monde actuel accroît les besoins en compétences spécifiques de la réserve. Le réserviste combattant n'est pas le seul profil recherché, d'autres compétences sont sollicitées (cyber, transport routier, médical, etc.). Chacun peut apporter "ses atouts à l’édifice". Lorsqu'un geek cherche à nous rejoindre, l'idée n’est pas de recruter celui qui court le plus vite le 3000m ! L'attractivité de la réserve passe ainsi par une présentation claire des parcours, accompagnée de formations. En travaillant selon des critères de compétences, le réserviste doit se sentir à l’aise et dans son droit. La Garde nationale doit faire preuve d'agilité, en fonction des compétences de chacun et des différentes crises, pour donner au pouvoir politique la capacité de choisir selon les besoins.
Il ne faut pas chercher à mettre en concurrence les différentes formes d'engagement, ni adopter une politique uniquement capacitaire. C'est d'abord une mobilisation des esprits, dès le plus jeune âge, qui est nécessaire pour que la Garde nationale prenne de l'envergure et contribue à la coordination des énergies. L'esprit de défense se prépare aussi en sachant répondre aux questions des enfants, des adolescents. Peut-être pourrait-on renforcer encore les liens avec le milieu enseignant ? Il y a des mondes qui ne se sont pas côtoyés pendant 20 ans, qui ne se connaissent pas suffisamment, et on voit dans le SNU tout l'intérêt de mieux connaître les autres. Il ne faut pas cantonner l'esprit de défense à l'aspect mémoriel, du souvenir de l'époque des grands-parents. Les réservistes doivent être des ambassadeurs de leur action au sein de la société française.
L'accroissement des effectifs de réserve pose également la question de leur articulation avec les tissus économiques locaux. Comment cette dernière doit-elle donc être pensée pour maximiser les gains mutuels de compétences et mobiliser pleinement les ressources humaines du territoire ?
Près de la moitié des réservistes étant des actifs, l'articulation de leur engagement avec leur vie professionnelle est un point primordial. Un réserviste s'engage en moyenne 35 jours par an (alors que les obligations légales se limitent à 5 ou 8 jours selon la taille de l'organisme). La Garde nationale dispose de plusieurs leviers, notamment la signature de conventions de partenariats avec diverses entités d’employeurs, qu'elles soient du secteur privé ou du secteur public (collectivités territoriales ou établissements publics). Cette politique a permis de faciliter les possibilités d'engagement pour ceux souhaitant rejoindre la réserve. D'abord une démarche personnelle, la culture d'engagement peut ainsi essaimer à l'intérieur du groupe professionnel. On remarque d'ailleurs les meilleurs résultats lorsque les employeurs, les chefs d'entreprise, sont eux-mêmes convaincus de l'intérêt collectif de cet engagement.
La filière RH, les chasseurs de tête, sont eux aussi généralement très sensibles à ce que peut apporter un réserviste : l'expérience et les compétences qu'il acquiert au cours de cet engagement peuvent être mises au service des entreprises. Par ailleurs, raconter son expérience de réserviste, dans une perspective pédagogique, peut participer à l'amélioration du dialogue social interne à l'entreprise, tout en insérant mieux le militaire au sein de la société française. C'est un dispositif gagnant-gagnant.
La dimension territoriale est également importante. Le réserviste est aujourd'hui immergé au sein d'un territoire, à sa défense, ce qui a du sens pour le citoyen. La Garde nationale s’appuie ainsi sur un réseau territorial de correspondants, insérés dans des organismes, qui sont autant de relais auprès d'autres acteurs et organismes de la région. La culture de l'engagement irrigue ainsi tout le territoire.
Copyright image : Alain JOCARD / AFP
Ajouter un commentaire