Troisième pilier - Des partenariats pour faire émerger des chaînes d’approvisionnement internationales
Ce troisième pilier de la société de l’hydrogène est critique pour la stratégie japonaise car il concerne les modalités d’importation. En effet, le Japon a un potentiel limité de production d’énergie renouvelable à bas coût - et si le pays présente un grand potentiel de production éolien offshore flottant, le coût en est élevé. Le Japon entend donc faire émerger des chaînes d’approvisionnement internationales en hydrogène pour importer son énergie décarbonée depuis l’étranger.
Sur un plan national, ce pan de la politique japonaise de l’hydrogène cherche dans un premier temps à augmenter l’efficacité de la liquéfaction de l’hydrogène (baisse de 56 % des coûts en 2020) et à rendre l'importation de l’hydrogène liquéfié plus compétitive. Pour ce faire, le gouvernement japonais déploie déjà des investissements conséquents - 14,12 milliards de yens en 2020 et 8,87 milliards de yens en 2023 - et se fixe pour objectif d’importer annuellement 3 millions de tonnes d’hydrogène pour 2030 (contre 2 millions de tonnes en 2022), et entre 5 et 10 millions de tonnes d’hydrogène pour 2050. À titre de comparaison, l’objectif brandi par la Commission européenne est d’importer 10 millions de tonnes en 2030. Ces objectifs, pris ensemble et sans compter l’effet des stratégies hydrogène d’autres acteurs (États-Unis, Chine), sont de nature à faire augmenter la demande mondiale en hydrogène et à faire naître, à terme, un important marché mondial de l'hydrogène décarboné.
Le gouvernement japonais cherche aussi à promouvoir la coopération internationale en matière de développement et de déploiement des technologies liées à l'hydrogène. Cette ambition passe également par une politique de soutien aux entreprises japonaises opérant à l’étranger. L’importance accordée par le Japon à la dimension internationale de l’hydrogène est lancée en 2018 avec la Déclaration de Tokyo, qui a ouvert la voie à la création de partenariats avec des pays riches en potentiel renouvelable ou en ressources fossiles comme l’Australie ou l’Inde, notamment en matière de recherche et de développement, de partage des meilleures pratiques, et d'élaboration de normes et de règles communes.
Le Japon et l’UE présentent ici une convergence d’intérêt : tous deux ont beaucoup à gagner à faire émerger une chaîne d’approvisionnement internationale en hydrogène vert. Ils entretiennent ainsi des relations de coopération de plus en plus étroites et s'attèlent à construire une chaîne d’approvisionnement mondiale. Sur ces questions, le Japon et l’UE s’engagent déjà à travailler ensemble de manière régulière à l'amélioration d'un commerce international de l’hydrogène fiable et fondé sur des règles, sur des marchés ouverts et sur l'absence de restrictions à l'exportation. Ils collaboreront en vue de l'élaboration de normes permettant de qualifier l'hydrogène de "renouvelable" ou de "à faible teneur en carbone" et en faveur de la certification associée. Ce dernier enjeu est crucial pour ces deux exportateurs.
De son côté, le Japon signe également depuis plusieurs années de nombreux mémorandums et autres accords de coopération. La liste des pays avec lesquels le Japon souhaite coopérer est longue et couvre les différents aspects de l’émergence d’une économie mondiale de l’hydrogène. L’Australie est considérée comme le candidat le plus sérieux pour devenir le principal fournisseur d’hydrogène du Japon.
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