La souveraineté dans le domaine éducatif est l'une des grandes priorités du président russe, souligne le site d'actualité actualcomment, proche du Kremlin, d’où la place essentielle réservée à l'éducation et à la formation, aux valeurs traditionnelles et à la protection des enfants. D'ores et déjà, des cours de patriotisme (intitulés "conversations sur des choses importantes") sont au programme des classes primaires et secondaires. Le 21 février, Poutine annonce le retrait de la Russie du processus de Bologne et un retour partiel au cursus universitaire soviétique. Au vu de la tonalité du discours, estime ce média, le tournant est pris pour longtemps. Vladimir Poutine vient également de promulguer une loi sur "la langue d'État de la fédération de Russie" qui restreint l'emploi des mots étrangers.
La guerre comme nouvelle normalité
"En suspendant l'application de l'accord new START signé avec Washington, la Russie fait monter les enchères dans la confrontation avec les États-Unis, l'OTAN et l'Occident collectif", observe Elena Panina. "En résistant toute une année à des pressions sans précédent, notre pays a montré qu'il est prêt à une lutte épuisante. Il n'y aura pas de victoire rapide", avertit-elle, à preuve l'avertissement de Poutine : "plus l'Ukraine recevra des systèmes à longue portée et plus nous serons contraints d’éloigner la menace de nos frontières". "Une chose est sûre, il n'y aura pas de marchandage, la guerre est là pour longtemps", assure Elena Panina. "Si tout a commencé comme une opération spéciale, il est clair aujourd'hui que la Russie est dans une guerre complète et difficile, non seulement avec l'Ukraine [...], mais avec l'Occident collectif et le bloc de l'OTAN", constate également Alexandre Douguine. La "guerre du nord", déclarée en 1700 par Pierre le Grand à la Suède - épisode que Vladimir Poutine aime citer - a duré 21 ans, rappelle Pavel Daniline, après des difficultés et des défaites, "la guerre s'est achevée par le triomphe de la Russie".
La conclusion du discours de Poutine c'est que "la Russie et l'Occident sont totalement incompatibles"et que "la Russie ne peut que lutter jusqu'au bout" pour l'emporter dans ce "combat pour la survie", observe Tatiana Stanovaya. Le message principal du Président russe ("il est impossible de vaincre la Russie sur le champ de bataille") signifie que "la guerre sera longue, qu'elle entraînera une forte déstabilisation dans le monde entier mais qu'elle ne se terminera pas par une victoire sur la Russie". "Dans la vision du monde de Poutine, la guerre est un état normal[...]. Tant que Poutine est au Kremlin, la guerre ne s'arrêtera pas", affirme Gregori Ioudine. En effet, "la guerre n'a plus d'objectifs qui permettraient d'y mettre un terme", elle est justifiée par la confrontation existentielle avec l'Occident, considéré comme "un ennemi qui veut nous tuer et que nous voulons tuer". Selon ce sociologue libéral, la confrontation ne peut que s'intensifier : "l'armée russe va augmenter rapidement ses effectifs, l'économie va se réorienter sur la fabrication de canons, l'éducation se transformer en instrument de propagande et de préparation militaire". Dans ces conditions, il est "naturellement inutile de discuter avec Poutine", il faut imaginer une Russie sans lui, estime Gregori Ioudine.
Copyright image : Alexander NEMENOV / AFP
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