Plus encore que la Turquie, qui a livré des drones à Kiev tout en refusant d'appliquer à Moscou les sanctions internationales, Israël s'est jusqu'à présent peu impliqué dans la guerre russo-ukrainienne. Malgré les appels ukrainiens, la précédente coalition Bennett-Lapid a refusé d’accorder l'aide financière sollicitée par Kiev (500 millions de dollars) et d’autoriser l'exportation de systèmes anti-missiles (« dôme de fer », missiles Hawk), se contentant d'une assistance humanitaire (équipements médicaux, ambulances, générateurs, etc...). Outre les considérations d'ordre stratégique, la présence en Israël d'importantes communautés juives, d'origine russe et ukrainienne, plaide en faveur de cette retenue. L'implication militaire de plus en plus nette de l'Iran aux côtés de la Russie donne toutefois des arguments aux partisans d'un soutien plus actif de Tel-Aviv à l'Ukraine. En décembre dernier, W. Burns, directeur de la CIA, observait, à propos de la fourniture à la Russie de drones et de la livraison possible de missiles balistiques, qu'un « véritable partenariat de défense est en train de naître entre la Russie et l'Iran », ce pays faisant désormais planer une « menace réelle sur son voisinage et sur beaucoup de nos amis et partenaires ».
Ces dernières semaines, selon les informations du Haaretz, Tel-Aviv a fourni à l'Ukraine, par le canal de l'OTAN, des renseignements et des technologies « stratégiques » israéliennes. Un rapprochement est en cours avec l'Alliance atlantique. En 1994, un accord avait été signé accordant à Israël le statut de « partenaire » mais, pour la première fois, un Président israélien Isaac Herzog s'est rendu au siège de l'OTAN, fin janvier, pour rencontrer le conseil atlantique, ainsi que le secrétaire général de l'organisation, J. Stoltenberg. Le ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen et une délégation de la Knesset projettent de se rendre en Ukraine, l'ambassade d'Israël à Kiev, fermée à la veille de l'attaque russe, devrait être rouverte. Dans plusieurs interviews, notamment à CNN, Benyamin Netanyahou n'exclut plus l'envoi d'armes à l'Ukraine. Cette évolution du discours d'un dirigeant, qui entretient de longue date une relation étroite avec Vladimir Poutine, jusqu'à devenir le « lobbyiste des intérêts du Kremlin », selon l’expression de la Nezavissimaïa gazeta, surprend les commentateurs moscovites. Ce quotidien relève les « formules catégoriques » du Premier ministre israélien, qui reprend à son compte les accusations occidentales sur la fourniture de drones iraniens à la Russie, n'écarte pas la livraison d'un « dôme de fer » à Kiev et admet que l'armée américaine, sans objection de sa part, a prélevé 300.000 obus d'artillerie prépositionnés en Israël pour les envoyer en Ukraine. Andreï Kortounov reste cependant confiant, certes, « les relations entre la Russie et Israël sont devenues plus complexes depuis le début de l'opération militaire spéciale. Tel-Aviv est soumis à une forte pression de la part de l'Occident et d'une partie importante de la société israélienne, la coopération militaire israélo-ukrainienne se développe », néanmoins, selon lui, « les liens entre la Russie et Israël sont trop forts pour être rompus facilement ».
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