La ligne 16, qui avait pourtant été dénommée "la ligne officielle" des JO (qui devait relier entre eux des sites des Jeux en Seine-Saint-Denis) et la ligne 17 reliant Saint-Denis Pleyel au Mesnil Amelot (notamment le tronçon de la ligne qui devait relier jusqu'à l'aéroport du Bourget - site où devait être installé le village médias) ne seront prêtes qu'après les Jeux.
En réponse à ces retards de travaux, le 8 juin dernier, Île-de-France Mobilités, l'autorité organisatrice des transports franciliens, et le comité d’organisation des JO, Paris 2024 ont dévoilé un plan spécifique pour assurer les déplacements des millions de voyageurs attendus. Il s'agira de renforcer l'offre vers les sites de compétition, le village des athlètes et celui des médias, en affrétant notamment 1 400 bus et cars spécifiques sur des voies dédiées pour les 200 000 personnes accréditées, dont 15 000 athlètes, qui bénéficieront de la gratuité des transports collectifs. Pour les visiteurs, IDFM s'est engagée à "adapter l'offre de transport public et à assurer la desserte des sites de compétitions pour les millions de spectateurs". Cela sera-t-il suffisant ? Dans la mesure où ce plan ne précise pas encore quelles seront ces adaptations et ce qui sera concrètement mis en place pour assurer les déplacements des visiteurs, on ne peut pas affirmer clairement que le réseau francilien sera prêt pour cette échéance majeure. En outre, l'organisation des JO pose des problématiques particulières, comme la création d'un centre international de broadcast au Bourget ouvert 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, contraignant à acheminer des flux de voyageurs en continu, ou encore la localisation de certains sites assez excentrés de Paris (au Château de Versailles, au Vélodrome de Saint-Quentin en Yvelines…). Cela nécessite non seulement de répondre aux enjeux des flux de voyageurs et de la disponibilité des transports pour assurer leur mobilité, mais aussi à celui de l'accessibilité des gares et de leur capacité d'accueil… ce qui, pour l'instant, ne semble pas garanti, même si IDFM réfléchit à des solutions pour desservir certains sites grâce à plusieurs gares, en mettant en place des navettes et des bus dédiés. Encore faudra-t-il prévoir suffisamment de bus pour cela et mettre en place une information voyageurs fiable et accessible à tous les visiteurs.
Au-delà des doutes sur la capacité réelle d'IDFM à répondre aux attentes posées par l'organisation de cet évènement d'ampleur planétaire, il convient de rappeler que le réseau de transport francilien fait déjà face à des enjeux majeurs, que la crise sanitaire a contribué à révéler, et qui s’inscrivent sur un temps plus long que celui des seuls jeux olympiques et paralympiques de 2024.
Un modèle en perte de qualité de service et financièrement insoutenable
D'abord, même si le réseau francilien est en pleine expansion et connaît d'importants investissements (GPE, chantier d'extension du RER R (Eole), mise en œuvre du Charles de Gaulle Express, extension des lignes de tramways…), cela se traduit par une forte tension opérationnelle. En attendant la fin de ces différents travaux, des perturbations sont possibles sur des réseaux et matériels roulants qui restent vieillissants, notamment les RER B et D qui seront parmi les plus empruntés lors des JO (et ne vont pas être renouvelés d'ici 2024). Par ailleurs, les récents incidents provoqués suite à un signal d'alarme ayant conduit à évacuer les voyageurs "sous tunnel" en juillet dernier, période de forte canicule, témoignent d'une dégradation de la qualité de service et de fortes difficultés opérationnelles des opérateurs de transport. Si IDFM assure pouvoir garantir une qualité de service pour les millions de voyageurs à venir dans le cadre des Jeux, dans les conditions actuelles, rien ne présage une montée en puissance de l'efficacité et de la fiabilité des réseaux d'ici à 2 ans.
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