Des programmes pilotes "Un chez-soi d’abord" ont ainsi été menés dans quatre villes (Lille, Marseille, Paris, Toulouse), cherchant à apporter de nouvelles réponses pour l’accès au logement et aux soins de SDF souffrant de troubles psychiques.
De fait, les politiques dites de logement d'abord, semblant fonctionner en Finlande, sont mises en avant en France. Signalons néanmoins qu'en Finlande l'offre est, globalement, réservée aux Finlandais et aux sans-abri en situation régulière déjà inscrits comme habitant de la ville. Les autres sans-domicile, comme cela est écrit sur le site Internet de la mairie d'Helsinki, sont invités à se rapprocher de leur ambassade.
Concrètement, cette stratégie, associée à une refonte globale de la prise en charge, sous la forme d'un "service public de la rue au logement" vise à réduire un écueil toujours repéré. Le temporaire s'éternise. Le sas devient nasse. Sur un escalier, les gens restent sur les marches.
La stratégie "logement d’abord" s'élabore et se déploie en tant que priorité pour intégrer l'ensemble des dispositifs établis en direction des populations défavorisées. Elle a pour ambition de limiter le passage par les centres d'hébergement, voire de réduire cette offre d'hébergement.
Selon les bilans produits par l'administration, la stratégie aura permis, de 2018 à 2021, l'accès de 280 000 personnes à un logement. Ces sans-domicile venaient de la rue ou des centres d'hébergement. Ils ont accédé, pour moitié, à du logement social, pour moitié à d'autres solutions, comme l'intermédiation locative ou les pensions de famille. Soulignons que les autres résidences sociales ne comptent pas, avec cette stratégie, comme des solutions de logement.
La volonté première derrière cette stratégie "logement d'abord" consiste à absorber l'hébergement dans le logement. Ce qui n'est en réalité pas totalement réalisé puisque le secteur de l'hébergement continue sa croissance.
La tension dans le secteur de l'hébergement d'urgence traduit également une faiblesse de notre politique du logement, qui peine à garantir à tous l'accès au logement, en particulier dans les zones tendues. Doit-on voir dans notre modèle de logement social un certain échec face au constat urgent du mal logement et du sans-abrisme en France ?
Au sujet du "logement d'abord", les associations ont répondu favorablement aux premières invitations des pouvoirs publics à se pencher sur cette perspective, à la fin des années 2000, tout en indiquant que l'essentiel était d’abord de produire du logement. La rhétorique est habile. Elle se comprend. Reste que le sujet principal doit être posé encore autrement : "le logement social, d’abord pour qui ?". Telle semble être la question clé.
Il s'agit d'une question aussi classique que fondamentale pour le logement social à la française. Celui-ci, dit "généraliste", est, depuis des années, appelé à davantage de "résidualisation", c'est-à-dire de concentration sur les plus démunis. C'est, de toutes les façons, ce à quoi il contribue de plus en plus. Loi sur le droit au logement opposable (DALO), entre autres, oblige. Cette résidualisation ne s'observe pas dans la production de logements sociaux, mais dans leurs attributions.
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