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09/11/2018

Forum de Paris sur la Paix - Mettre l'éducation à l'agenda de la gouvernance mondiale

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Forum de Paris sur la Paix - Mettre l'éducation à l'agenda de la gouvernance mondiale
 Laurent Bigorgne
Auteur
Ancien directeur

L’Institut Montaigne, Sciences Po, la Fondation Körber, la Fondation Mo Ibrahim, l’Institut français des relations internationales (IFRI) et le Quai d’Orsay sont les six membres fondateurs à l’initiative du Forum de Paris sur la Paix. Le 11 novembre 2018, cet événement rassemblera des chefs d’Etat et de gouvernement, des élus, des organisations internationales et la société civile au sens large (entreprises, associations, médias, ONG, fondations, think tanks, etc.). Dans un environnement global de plus en plus incertain et instable, la vocation du Forum de Paris sur la Paix est de renforcer le multilatéralisme et la gouvernance mondiale. 

A cette occasion, Laurent Bigorgne, le directeur de l’Institut Montaigne, rappelle le rôle crucial de l’éducation comme vecteur de paix dans le monde. 

L'éducation, un rempart contre l’aveuglement et l’inertie, et une fabrique d’opportunités

L'éducation confère un pouvoir d’action considérable et est un outil fondamental pour le développement humain et pour la paix dans le monde. En promouvant la connaissance, en encourageant l'espoir et la confiance et en favorisant les opportunités pour les filles et les garçons du monde entier, l'éducation se pose en droit fondamental qui ne doit en aucun cas être négligé. Dans un monde où les idées extrémistes et les gouvernements populistes gagnent de plus en plus de terrain, la communauté internationale ne peut que faire de l'éducation sa priorité absolue.

Dans un monde où les idées extrémistes et les gouvernements populistes gagnent de plus en plus de terrain, la communauté internationale ne peut que faire de l'éducation sa priorité absolue.

En effet, une population éduquée et informée est une population capable d’identifier les problèmes globaux, d'analyser leurs causes et de proposer des solutions avec une ouverture d’esprit. Investir dans l'éducation et réformer le système scolaire doit être au cœur même des programmes de nos dirigeants afin de bloquer les discours aveugles et dangereux qui alimentent les sentiments d'exclusion et de haine parmi les citoyens. La tolérance et l'ouverture ne doivent jamais être tenues pour acquises, mais doivent constamment être valorisées par l’enseignement et l'apprentissage. Par ailleurs, à une époque où la désinformation s’immisce dans notre quotidien, une éducation qui enseigne l’évaluation de l'information revêt une importance cruciale dans la lutte contre la manipulation des opinions. 

Le plus grand défi mondial des 50 prochaines années

L'accès à l'éducation est un enjeu capital dans les régions du monde où la démographie atteint des sommets sans précédent. Le continent africain représente à la fois une grande opportunité et un immense défi en matière d'éducation. La population africaine devrait atteindre les 2,5 milliards d'habitants en 2050, dont la moitié aura moins de 25 ans (selon l'ONU). Aujourd'hui, en Afrique subsaharienne, neuf millions de filles (âgées de 6 à 11 ans) se voient refuser l'accès à l'éducation. 60 % des adolescents âgés entre 15 et 17 ans ne sont pas scolarisés (selon l’ISU). Les conflits sont encore l'un des principaux obstacles à l'éducation.

Or, selon Kofi Annan, ancien secrétaire général de l'ONU, "l'éducation est tout simplement la consolidation de la paix sous un autre nom". Ainsi, pour sortir de ce cercle vicieux - accès à l'éducation impossible à cause des conflits, stagnation des conflits parce que la qualité de l'éducation est insuffisante - des mesures structurelles doivent être mises en oeuvre lorsque et partout où cela est possible.

La mise en place d'infrastructures, la création de partenariats avec des universités de renom et la formation adéquate des enseignants sont autant de mesures que nous devons encourager et implémenter au plus vite. Des initiatives et des opportunités sont déjà sur la bonne voie et émergent sur le continent à l'échelle locale. Elles doivent être connues, partagées et déployées afin de susciter davantage d'impact et d'inspiration.

La technologie, meilleure amie de l'éducation ?

De nouveaux outils et infrastructures révolutionnent actuellement le système éducatif et contribuent à développer l'accès à la connaissance à travers le monde. La révolution technologique et la numérisation des processus d'apprentissage sont plus que jamais une opportunité permettant d'accéder à des cours de qualité. Aujourd'hui, de plus en plus de personnes ont recours à l'e-learning (accès à des cours par ordinateur) et à la m-education (par appareil mobile).

Sans pour autant nier le rôle crucial des enseignants et en reconnaissant la nécessité d'avoir des infrastructures appropriées, la révolution qu’a déclenchée la technologie dans le domaine de l'éducation offre d'immenses opportunités qui doivent être saisies. Non seulement la numérisation permet-elle d'améliorer l’accès aux contenus éducatifs, mais elle est aussi un tremplin permettant à chacun de s'adapter aux nouveaux métiers d'un monde en pleine mutation.

60 % des adolescents âgés entre 15 et 17 ans ne sont pas scolarisés

Ouvrir les frontières aux étudiants : la connaissance n'a pas de limites

Loin d'être exclusivement nationaux, les enjeux de l'éducation sont mondiaux et leur portée n’a pas de frontière. La mobilité des étudiants doit être encouragée afin que les talents du monde entier puissent s'épanouir et être formés de manière efficace. Le succès d'Erasmus en Europe est indéniable. De telles initiatives devraient être développées à l'échelle mondiale. Il est plus que souhaitable, par exemple, de faciliter le processus d'obtention d'un VISA pour les étudiants et les jeunes. Cela permettrait de créer des opportunités et de supprimer les obstacles qui s’opposent à la réussite et à l'auto-détermination.

L’État n’est pas le seul acteur dont nous devons exiger des progrès dans le domaine de l'éducation. C'est pourquoi des rencontres importantes comme le Forum de Paris sur la paix sont essentielles, dans la mesure où elles rassemblent des représentants du gouvernement, des décideurs politiques, des membres de la société civile et des ONG, des femmes et des hommes d'affaires, des think tanks et des universitaires du monde entier, afin que tous coordonnent leurs forces et leurs idées pour une meilleure gouvernance mondiale.

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