Dès lors, la hausse de la fiscalité sur le tabac, nécessaire pour percevoir 700 M€ de recettes supplémentaires, engendrerait une augmentation du prix moyen d’un paquet de cigarettes de 1,04€. En prenant en compte la mesure d’augmentation de la fiscalité sur le tabac d’ores et déjà prévue par l’article 8 du PLFSS pour 2023, cela conduirait à un paquet de cigarettes à 11,7€ en moyenne en 2023, contre 10,2€ actuellement, soit une hausse de près de 15 %. Alors que le prix du tabac en France est supérieur de 36 % à celui observé en Allemagne et de 45 % à celui du Luxembourg, une telle hausse placerait définitivement la France parmi les pays dont la fiscalité sur le tabac est la plus importante (juste derrière l’Irlande). À moyen terme, la seule conséquence de 700 M€ de recettes supplémentaires gagées sur le tabac serait une hausse de près de 2 € sur le prix du paquet de cigarettes, qui atteindrait 12,2 € en 2025.
Bien qu'un tel scénario soit fictif - les "gages tabac" sont traditionnellement levés par le gouvernement - il présente l’intérêt de souligner deux réalités. La première, est que le mécanisme du "gage tabac" est, en vérité, un outil purement institutionnel et hypocrite, dénué de tout fondement économique et qui alimente l'irresponsabilité budgétaire des parlementaires : qui imagine réellement la possibilité de financer des milliards d’euros de perte de recettes publiques par une augmentation exponentielle du prix du tabac ? Prises individuellement, les mesures gagées sur le tabac peuvent faire sens, mais prises dans leur ensemble, - ce qui est le cas, dans le cadre d'un PLF par exemple - elles apparaissent politiquement, socialement et économiquement, inapplicables. Le second constat que cette analyse de l'Institut Montaigne révèle est que le travail parlementaire est, à bien des égards, perfectible, surtout en matière de chiffrage des propositions portées par les amendements. En cela le "gage tabac" n'est en rien gage de qualité des débats.
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