Si les politiques de soutien au tissu productif et aux ménages permettent de préserver l’économie, le gouvernement ne propose aucune réforme structurelle en faveur d’une baisse durable des dépenses publiques. Mise à part la réforme des retraites défendue par le gouvernement, qui permettrait éventuellement de réaliser des économies de l’ordre de 7,7 milliards d’euros par an en 2027 - selon la promesse de campagne du président de la République - aucune autre réforme ou projet de loi ne semble permettre une consolidation de nos finances publiques. Cela est regrettable et place la France, de loin, parmi les plus mauvais élèves des pays de l’UE en matière de finances publiques.
Vers une reparlementarisation de la vie politique ?
À la lumière de ces constats, le PLF 2023 figure donc parmi les projets de loi de finances les plus disputés et les moins discutés sous la présidence d'Emmanuel Macron. Pourtant, certains amendements de Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT), des Républicains, des Écologistes, des Socialistes et de GDR ont finalement été adoptés, l'exécutif ayant retenu 117 amendements sur la première partie du PLF (dont 98 de la majorité) et 121 amendements sur la seconde partie du PLF (dont 97 de la majorité). Si aucun amendement de LFI ni du RN n'a été retenu, force est de constater que, de manière paradoxale, ce PLF s'inscrirait davantage dans une dynamique du compromis, que les précédents, portés par une majorité absolue. De quoi relativiser le caractère "autoritaire" du recours au 49.3… tout en s'interrogeant sur l’avenir du Parlement sous ce quinquennat.
Au lendemain des élections législatives de 2022, certains observateurs considéraient pourtant que nous assistions à un processus de "reparlementarisation" de la Vème République, après une longue période d’effacement du Parlement durant le précédent quinquennat, lorsque la majorité présidentielle était encore absolue. Si la réforme constitutionnelle de 2008 avait déjà rééquilibré le fonctionnement de la Vème République et permis de revaloriser les prérogatives du Parlement - en restreignant le recours illimité à l'article 49.3 aux seuls textes financiers - Anne Levade, professeure de droit public à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne et présidente de l'Association française de droit constitutionnel, soulignait en juin au micro de France Culture que les élections législatives de 2022 ont revalorisé le rôle politique du Parlement aux yeux de l’exécutif, mais pas son importance en tant qu'institution. Elle identifiait aussi un risque d'obstruction ou de retard dans le fonctionnement parlementaire si les oppositions ne jouaient pas le jeu du compromis.
Reste à savoir comment le gouvernement anticipe la suite des évènements en cette rentrée 2023. L'examen de deux projets de loi sont particulièrement attendus - celui sur l'immigration et sur la réforme des retraites présentée le 10 janvier - alors même qu’il ne reste plus "qu’une cartouche" au gouvernement, pour recourir au 49.3, d'ici juin prochain. Si un accord de l’exécutif avec la droite sénatoriale et leurs alliés centristes pourrait être envisageable sur la réforme des retraites, le ralliement des députés LR n'est en rien acquis. La menace d'un ultime recours au 49.3 dans cette session parlementaire est réelle. L'examen budgétaire du PLF et du PLFSS pour 2023 n'était, sur ce point, qu'une délicate mise en bouche. La réelle capacité du gouvernement à mettre en œuvre sa politique du compromis se révélera - ou non - dès janvier prochain.
Copyright image : Christophe ARCHAMBAULT / AFP
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